vendredi 19 février 2016

Nancy : la nancéienne avait tenté d’enlever un enfant dans un cirque

À la barre, ce petit bout de femme, cheveux courts, lunettes, se balance constamment d’une jambe sur l’autre. « Il s’agit là d’une affaire un peu étrange, un peu particulière », souligne d’entrée le président Haouy. Effectivement. Cette Nancéienne de 53 ans est poursuivie pour avoir tenté d’enlever à Lunéville en avril 2015 un garçon de 10 ans dans un cirque, et ce, après avoir assuré que c’était le sien.
« Vous êtes entré dans le cirque juste avant le début du spectacle et vous avez expliqué que vous vous aviez perdu votre enfant », détaille le magistrat. L’un des employés a alors désigné un garçon d’environ 10 ans et demandé à la femme s’il s’agissait bien du sien. La quinquagénaire a répondu par l’affirmative, expliqué qu’il était parti depuis le matin et s’est approchée de l’enfant en le réprimandant : « David, tu t’es encore sauvé ! Je vais le dire à ton père ! Viens, on rentre ! ». Le petit garçon a alors pris peur, a hurlé, en pleurs, que cette femme n’était pas sa mère et le cirque a immédiatement appelé la police.
Les forces de l’ordre ont bien décelé que la femme n’avait pas toute sa tête. Le discours est décousu, inquiétant. Dans le coffre de sa voiture, un sac avec des affaires. « Je voulais partir avec cet enfant, l’emmener en vacances ». Au commissariat, la femme reconnaît qu’elle n’est pas la mère. « Et vous avez aussi demandé à un policier s’il n’était pas pédophile. C’est visiblement une question qui vous travaille », fait remarquer le président.

« Délire paranoïaque »

« J’ai joué la mère qui retrouvait son fils. C’était comme pour tourner un film. Un film sur la sécurité, sur les risques de laisser seuls les enfants. J’ai ainsi montré qu’il y avait des personnes dangereuses. C’est une leçon pour lui et ses parents, pour les gens du cirque aussi. Il ne faut pas laisser un enfant seul…
- Le film, il est surtout dans votre tête, Madame…
- Oui, je sais.
- Vous avez l’impression que ça mieux depuis ?
- Oui. On me le dit. Je pense que j’étais dans un gros délire, que la famille du petit garçon a eu très peur. Heureusement, aujourd’hui, j’ai un traitement qui m’empêche de retomber dans ce délire ».
Cette femme, qui a déjà fait un séjour en hôpital psychiatrique, avait interrompu son traitement au moment des faits. Elle assure qu’elle se sentait alors « très bien ». Son psychiatre évoque « des crises de délire qui s’aggravent. Elle prétend avoir été victime de faits de pédophilie durant son enfance ».
Deux autres experts psychiatres se sont penchés sur son cas. Point commun du diagnostic : « un délire paranoïaque ». L’un évoque « une altération sérieuse du discernement », l’autre la qualifie de « massive ».
« Un dossier difficile à juger », fait justement remarquer Guillaume Donnadieu, le procureur. « Nous sommes à la frontière du judiciaire et du médical. Il convient d’apporter une réponse, psychiatrique ». Et de requérir 3 mois avec sursis et mise à l’épreuve, avec obligation de soins.
« Comment fait-on pour défendre les fous ? », questionne Me Stéphane Giuranna, qui plaide l’irresponsabilité pénale de sa cliente. « Quelle est en effet la différence entre massivement altéré et petitement aboli ? ». Jugement : un mois avec sursis.

http://www.estrepublicain.fr/edition-de-luneville/2016/02/19/la-nanceienne-qui-avait-interrompu-son-suivi-psychiatrique-avait-tente-d-enlever-un-enfant-dans-un-cirque-a-luneville-en-pretextant-qu-il-s-agissait-du-sien

Aucun commentaire: