mardi 5 avril 2016

Procès Aurélie Fouquet : Redoine Faïd et ses mauvaises fréquentations

Les sept autres accusés présents - un autre est jugé en son absence - avaient eu droit à une demi-journée d'interrogatoire. Pour le braqueur multirécidiviste et médiatique, la cour d'assises a prévu une journée entière. Mais au bout d'une heure déjà, il était évident que Redoine Faïd, en qui les enquêteurs voient le "cerveau" d'une attaque ratée de fourgon blindée du 20 mai 2010, ne dévierait pas de la version déjà livrée aux enquêteurs et, par bribes, à la cour.

Au printemps 2010, en liberté conditionnelle depuis un an, il est "à des années-lumière" de son ancienne vie, travaille comme attaché commercial, consacre son temps libre à sa famille et à ses projets d'édition et de cinéma. Jusqu'à ce qu'un jour, l'un de ses frères lui amène, sur son lieu de travail, "une personne à l'esprit délinquantiel". Sans cela, le volubile Redoine Faïd, qui connait son dossier sur le bout des doigts, en est sûr : "jamais jamais jamais je ne (serais) dans ce box".

Cette personne, est-ce Olivier Tracoulat, l'un des meurtriers présumés d'Aurélie Fouquet le 20 mai 2010 à Villiers-sur-Marne, jugé en son absence, veut savoir le président ? Redoine Faïd acquiesce de la tête, sans dire le nom à voix haute. Avant lui, d'autres accusés avaient chargé l'absent, vraisemblablement mort après avoir été blessé dans la fusillade fatale à la policière municipale de 26 ans.

Au total, neuf hommes sont jugés à Paris depuis le 1er mars pour avoir participé de près ou de loin au braquage avorté.

Voilà donc Redoine Faïd face à cette "personne à l'esprit délinquantiel" qui, à l'entendre, le harcèle sur son lieu de travail alors qu'il ne "veut pas la fréquenter".

Pourquoi alors se retrouve-t-il le 19 mai 2010 au volant d'une voiture, en convoi avec deux fourgons qui seront impliqués le lendemain dans le braquage avorté, comme en témoignent des images de vidéo-surveillance ? Redoine Faïd se lance dans une explication sophistiquée, dans son style si particulier, à la fois ampoulé et familier.


"On ne choisit pas sa famille" 

Le "gars", Olivier Tracoulat donc, lui envoie le 19 mai un jeune émissaire. Redoine Faïd, qui vient de finir son jogging matinal, fait "l'erreur" de le suivre. Mais voilà que le jeune intermédiaire est pris de malaises, il a "deux de tension", "peut-être une gastro", pense Redoine Faïd, qui prend le volant. Bien qu'il n'ait pas le permis.

Apprenant qu'il est censé aller jusqu'à sa ville d'origine, Creil, ce qui lui est interdit dans le cadre de sa libération conditionnelle, le braqueur s'énerve "énormément" et rentre chez lui. Les fourgonnettes, il est "catégorique", il ne les a jamais vues.

Le 20 mai 2010, l'accusé assure qu'il est allé au travail, comme d'habitude. Son alibi n'a pu être ni confirmé ni démonté formellement. Les vidéos du 19 mai sont donc la seule preuve tangible contre lui. Si les policiers sont malgré tout persuadés qu'il a mis sur pied l'attaque ratée de fourgon blindé, c'est parce qu'il est le "dénominateur commun" entre beaucoup d'accusés. L'un était son entraîneur de foot, il en a rencontré un autre en prison. Certains viennent comme lui de Creil, remarque le président, ce qui agace Redoine Faïd : "C'est pas Game of Thrones là-bas".

Et ses frères alors ? L'un, également poursuivi pour le drame de Villiers-sur-Marne, s'est enfui en Algérie. L'autre lui a amené Olivier Tracoulat. "On ne choisit pas sa famille", lance Redoine Faïd.

S'il ne s'est pas rendu après le 20 mai 2010, c'est surtout parce qu'il "aime la liberté", ce qui explique aussi pourquoi il s'est
évadé le 13 avril 2013 d'une
prison de Lille
: "J'ai eu une opportunité." Une opportunité "plutôt bien organisée", avec arme, explosifs et complicité, note le président. Redoine Faïd doit encore être jugé pour cette évasion spectaculaire.

http://france3-regions.francetvinfo.fr/nord-pas-de-calais/proces-aurelie-fouquet-redoine-faid-et-ses-mauvaises-frequentations-968689.html

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