mardi 31 mai 2016

La "veuve noire de l'Isère" à nouveau condamnée

Manuela Gonzalez, surnommée la "veuve noire de l'Isère", a été condamnée aujourd'hui en appel à 30 ans de prison pour l'assassinat de son mari, comme en première instance, malgré l'absence de preuves.

Le verdict de la cour d'assises de la Drôme condamne cette femme de 55 ans, qui clame son innocence, à retourner en prison.

En septembre dernier, elle avait été relâchée après cinq ans et demi de détention provisoire au motif d'un délai jugé trop long entre son premier procès et l'appel.

Ce soir, elle avait déjà décidé de se pourvoir en cassation, selon sa défense.

La cour l'a reconnue coupable d'une tentative d'assassinat sur Daniel Cano, chaudronnier de 58 ans, lors de l'incendie de la chambre conjugale en septembre 2008. Et l'a également reconnue coupable de l'avoir tué, un mois plus tard, en mettant le feu à sa voiture.

Dans ce dossier, il y a surtout ce surnom de "veuve noire", en référence à cette araignée qui liquide son partenaire après l'accouplement. Deux de ses anciens compagnons ont en effet péri dans des morts violentes et deux autres ont été intoxiqués, des faits pour lesquels Manuela Gonzalez n'a jamais été mise en cause.

Pour l'accusation, il y a aussi un mobile: l'argent. Car Manuela Gonzalez était endettée. L'addiction aux jeux, des problèmes avec l'auto-école, fermée après un trafic de permis: elle contracte alors un emprunt de 165.000 euros sur le dos du mari.

"Il faut tuer Daniel Cano (...) parce que dès qu'il sera mort, l'assurance du crédit hypothéqué marchera" et ce sera "165.000 euros de gagnés", a plaidé un des avocats des parties civiles, Me François Leclerc, évoquant aussi l'héritage de la maison, les apports d'une assurance-vie et d'un contrat de prévoyance. "Il ne faut pas que ce soit un suicide sinon tout tombe à l'eau", donc "encore de la drogue et encore du feu."

Veste noire et chemisier blanc, Manuela Gonzalez, dont les cheveux noirs corbeau sont devenus blonds, a tenté de convaincre.

"Je souffre de la perte de mon mari" et "si je ne pleure pas on me juge froide (...) si je pleure on dit que je fais la comédie", a-t-elle dit avant que les jurés se retirent pour délibérer, entre deux sanglots.

Ses avocats ont décrit une famille "harmonieuse", en couple depuis près de 20 ans, où chacun s'occupait de l'enfant de l'autre. Et une veuve affectée par la mort de son mari, malgré les tensions dans le couple. "Oui, elle ressemble à une coupable" mais "les évidences sont des contre-vérités" et "le mobile est un leurre", assénait Me Gallo. "Il faut dépasser ce manichéisme", ce "tableau revisité", insistait Me François Saint-Pierre.

Et de pointer l'absence de preuve. L'incendie de la chambre conjugale était dû, selon l'accusée, à une bougie qu'aurait renversé le chien de la famille. Et si ce n'est pas le cas, alors "comment a-t-elle mis le feu ? Il n'y a pas d'éléments concrets" et il n'y a pas eu de reconstitution, a pointé Me Gallo.

"On est là face à une énigme" et "on ne peut pas se permettre de condamner dans le doute", complétait Me Saint-Pierre


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