vendredi 27 mai 2016

L'affaire de la "chemise déchirée" chez Air France arrive au tribunal

Cinq salariés d'Air France et adhérents à la CGT comparaissent vendredi, pour leur participation présumée à l'épisode de la "chemise déchirée" du DRH, devant le tribunal de Bobigny où se tiendra un rassemblement de soutien.
L'image avait le tour du monde. Celle d'un DRH apeuré, la chemise déchirée, fuyant devant des manifestants en colère. Cinq salariés d'Air France et adhérents à la CGT comparaissent, vendredi, pour leur participation présumée à cet épisode devant le tribunal de Bobigny où se tiendra un rassemblement de soutien, dans un contexte social explosif marqué par la radicalisation du premier syndicat français.
 
Au total, 16 salariés sont convoqués devant le tribunal correctionnel : 5 pour "violences en réunion" et 11 pour "dégradations en réunion", avoir forcé le portail d'accès lors de la manifestation du 5 octobre qui faisait suite à l'annonce d'une restructuration menaçant jusqu'à 2900 emplois. Ce jour-là, la situation avait dégénéré quand des manifestants avaient envahi le comité central d'entreprise au siège d'Air France, partie civile au procès, sur le site de l'aéroport de Roissy.
 
"En 19 ans, mon client n'avait jamais vu un tel déchaînement de violence et de haine"
 
Sous les cris de "à poil, à poil" et "démission", le directeur des ressources humaines, Xavier Broseta, s'était retrouvé torse nu, chemise en lambeaux, avant de s'échapper en escaladant un grillage. Pierre Plissonnier, responsable de l'activité long courrier à Air France, avait été également malmené. En tout, sept personnes avaient été molestées. Parmi elles, un vigile avait brièvement perdu connaissance. "On parle beaucoup des prévenus, des centaines de personnes viendront les soutenir, mais combien parmi elles pour soutenir mon client, qui est aussi un salarié ? Aucune", a réagi son avocate, Fanny Colin auprès de l'AFP.
 
L'avocate défend le responsable de la sécurité incendie du site, "agressé par quatre hommes au moment où il tentait d'endiguer le flot des manifestants". "Il ne peut pas entendre qu'on ait voulu prendre la défense des salariés en s'attaquant à un autre salarié qui était là pour la protection de tous", a ajouté Me Colin, selon qui "on sous-estime la violence qu'il y a eu : en 19 ans d'exercice, mon client n'avait jamais vu un tel déchaînement de violence et de haine".

Rassemblement devant le tribunal dès 9h
L'épisode avait donné lieu à de nombreuses condamnations politiques, patronales et syndicales. En retour, la déclaration du Premier ministre Manuel Valls qualifiant de "voyous" les fauteurs de troubles avait choqué une partie du monde salarié et suscité un débat sur la légitimité du recours à la violence physique face à la "violence" d'un plan social.
 
Vendredi, une large intersyndicale rassemblant des syndicats de pilotes, d'hôtesses et stewards ainsi que de personnels au sol appelle à se rassembler devant le tribunal de Bobigny dès le début de l'audience correctionnelle à 9h. L'intersyndicale revendique "l'arrêt des poursuites judiciaires" et le "retrait des procédures de sanction à l'encontre des salariés Sol et Pilotes". Elle demande aussi que le ministère du Travail valide l'avis de l'inspectrice du travail, qui avait annulé le licenciement d'un délégué du personnel CGT. La ministre doit se prononcer d'ici le 3 juin, d'après la CGT.
 

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