lundi 23 mai 2016

Le procès en appel de « la Veuve noire »

C’est un mythe, rien de moins, que Mes Gallo et Saint-Pierre vont devoir combattre pendant une semaine et demie devant la cour d’assises d’appel de la Drôme qui va rejuger Manuela Gonzalez, veuve Cano, pour la tentative d’assassinat, puis l’assassinat de son mari, Daniel, en septembre et octobre 2008, faits pour lesquels elle a écopé en avril 2014 de 30 ans de réclusion criminelle. En septembre dernier, elle avait été remise en liberté au motif que le délai entre son premier procès et l’appel était trop long.

Un mythe qui lui colle à la peau

Le mythe que devront combattre les deux avocats de la défense, c’est celui de la « Veuve noire ». Car c’est l’image qui colle à la peau de Manuela Gonzalez depuis de nombreuses années. La faute aux destins des différents hommes qui ont partagé sa vie. Trois sont morts et deux ont fini dans le coma ou aux urgences après des ingestions pour le moins suspectes de médicaments. Mais, sauf dans deux cas, cette femme originaire de La Mure (Isère) n’a jamais été reconnue coupable ou condamnée. La première fois remonte aux années 80. Michel Garcia, bijoutier, s’était retrouvé aux urgences après une ingestion de médicaments qui lui avait été administrés à son insu. Pendant ce temps, la jeune femme lui avait volé de l’argent. Le bijoutier s’en était sorti et Manuela Gonzalez avait finalement été reconnue coupable de vol aggravé et condamné à deux ans de prison avec sursis. La seconde concerne son mari Daniel Cano, un chaudronnier retrouvé carbonisé dans son véhicule dans un champ à quelques centaines de mètres de la maison familiale.
Une maison dont il avait découvert que son épouse l’avait hypothéquée dans son dos. À partir de là, le quinquagénaire avait demandé des comptes à son épouse. Ce faisant, il avait signé son arrêt de mort, avait estimé en 2014 l’avocat général chargé de requérir lors du premier procès d’assises contre Manuela Gonzalez. Non seulement cet homme de 58 ans était décédé fin octobre 2008, mais il avait, un mois plus tôt, échappé à la mort lors de l’incendie de sa chambre. Un incendie au cours duquel Manuela Gonzalez n’avait pas été blessée puisqu’elle était, au moment des faits, occupée à préparer des sandwichs, selon elle. Ironie du sort, c’est ce dernier qui avait, des années plus tôt, fourni un alibi à Manuela Gonzalez, alors mise en examen au début des années 90 pour le meurtre de Thierry Lechevalier, qui partageait sa vie. Il avait péri asphyxié dans l’incendie de leur appartement et l’enquête avait permis de trouver la trace de médicaments dans le corps de la victime. Finalement, grâce à ce témoignage, elle avait bénéficié d’un non-lieu.
En 2014, Manuela Gonzalez, n’avait pas convaincu la cour d’assises de l’Isère de son innocence et l’accusée, aujourd’hui âgée de 55 ans, avait été condamnée à trente ans de réclusion criminelle, soit cinq années de plus que la peine requise. On saura dans dix jours si la cour d’assises d’appel de la Drôme décide de confirmer sa culpabilité ou bien d’entendre ses cris d’innocence.
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2016/05/23/le-proces-en-appel-de-la-veuve-noire

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