mardi 10 mai 2016

Procès Neyret : les cadeaux trop coûteux de l'ex-grand flic

Ce lundi, jour de reprise du procès de l'ex-commissaire Michel Neyret à Paris, était sans doute l'un des moments les plus délicats pour ce dernier. L'ancien numéro deux de la PJ lyonnaise, qui comparaît notamment pour corruption, a dû s'expliquer sur les voyages, les séjours mais aussi les cadeaux somptueux comme des montres de luxe, offerts par un entourage douteux. La longue liste est détaillée par le président, Olivier Geron, à l'audience. Il y a notamment ce voyage à Marrakech en 2011 d'un montant de 6000 euros, ou encore cette escapade à Essaouira la même année pour 2667 euros. Mais aussi la Corse, Cannes, l'hôtel Radisson à Aix-les-Bains, une halte à Annonay, en Ardèche, pour une nuit d'hôtel dans un golf. Parfois, au passage, Michel Neyret, qui se déplace avec son épouse, Nicole, en profite pour tester les voitures de luxe de ses amis au portefeuille bien fourni. Comme cette Ferrari dont il dira: «Quand elle parle… tout le monde se retourne.» La totalité de ces voyages est estimée à 30.000 euros, selon le président.
D'une voix monocorde à la barre des prévenus, Michel Neyret est comme un équilibriste qui, marchant sur une corde, avance à pas mesurés. L'exercice se révèle parfois difficile. Pour l'un de ces séjours au Maroc, il apparaît qu'il ne saura pas réellement qui l'avait financé. Celui qui déliera bourse sera en réalité un trafiquant de drogue présumé. L'ancien policier pensait avoir été invité par l'un de ses indics, Gilles Bénichou, devenu, selon lui, un ami.

Montres de luxe

Puis sont évoquées les montres de luxe: une Chopard d'un montant de près de 5000 euros et une Cartier d'une valeur estimée à 30.000 euros. La première, offerte par le frère de son informateur, Albert Bénichou, servira à recoller le ménage Neyret qui, une fois de plus, a volé en éclats. «Albert l'offre à Nicole pour rétablir la relation conjugale», relate l'ancien limier déchu. La deuxième sera offerte en signe de reconnaissance par Gilles Bénichou. «Il voulait faire du cinéma. Un rêve d'enfant», explique l'ancien commissaire vedette de Lyon. Par ses relations, ce dernier lui a permis d'être acteur dans Les Lyonnais d'Olivier Marchal. «De devenir figurant», rectifie le président comme pour mieux mettre en évidence le caractère parfaitement disproportionné du cadeau.

Enfin l'argent est abordé. Entre les écoutes téléphoniques et les témoignages de restaurateurs lyonnais qui racontent comment l'ex-grand flic sortait des liasses de billets pour payer, tout donne l'impression que ce dernier se faisait acheter par ses généreux «tontons». Mais l'intéressé est catégorique. «Je n'ai jamais touché le moindre centime de ces personnes», assure-t-il. Pourtant, lors de conversations interceptées, Nicole Neyret avait demandé aux amis douteux de cesser d'arroser son mari volage. «Tu me le pourris», avait-elle lancé à Albert Bénichou. Lors de ses nombreuses soirées, le commissaire flambeur payait, avait-elle dit, «des canons aux nénettes» et changeait de visage. «Il est plus voyou que les autres», avait-elle affirmé.
Alors, pour éviter ces éventuels versements de liquide, un montage avait-il été imaginé par ces relations douteuses? À l'audience est alors évoquée la constitution d'une société panaméenne avec un compte à Dubaï par l'intermédiaire d'une société suisse. Pour des versements plus discrets? Les deux époux qui se sont plus d'une fois séparés lors de leur vie agitée ne font cette fois plus qu'un à l'audience pour contester d'une même voix pareille hypothèse.

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/index.php

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