vendredi 3 juin 2016

A Jarville (54), le prévenu, en colère, avait tiré au harpon dans la porte des toilettes

« - Mais, Monsieur, que faisiez-vous avec un harpon chez vous ? », s’interroge le président.
« - Je fais de la pêche sous-marine ».
« - Nancy n’est pas franchement réputée pour cette activité… ».
« - Oui, je sais. D’ailleurs, je n’ai jamais pris qu’un seul poisson. En fait, je remplis des bouteilles d’eau à moitié, je les fais flotter dans le canal et je m’amuse à tirer dessus ».
Ce harpon, Sébastien Wietrich, Jarvillois de 30 ans, l’a aussi utilisé dans un tout autre cadre, le 3 avril dernier. Après une énième dispute avec sa compagne, cette dernière, avec laquelle il vit depuis neuf ans, s’est réfugiée avec leur petite fille dans les toilettes. Fou de rage, l’homme, également ivre, a tout d’abord balancé quelques coups de pied dans la porte avant d’aller chercher cette arme d’ordinaire plutôt utilisée pour faire passer la dorade ou la seiche de vie à trépas. Il a tiré une première fois, est parvenu à récupérer la flèche dont voulait s’emparer son ex-concubine, puis une seconde.
Depuis le box où il est jugé en comparution immédiate après la plainte déposée il y a quelques jours par sa compagne, il assure avoir « prévenu avant de tirer ». « Oui. Je leur ai dit que j’avais le harpon, que j’allais tirer. Je leur ai dit aussi de s’écarter, de se pousser, de se mettre sur les côtés ».
Le président Gastaldi sort le double décimètre : « Le trou dans la porte est à 1,23 m de haut. Votre compagne, qui dénonce quand même des violences depuis plusieurs années, mesure 1,48m. Si elle s’était trouvée derrière la porte, elle prenait la flèche en plein visage… ».
« C’était juste pour lui faire peur. Je venais de nouveau de découvrir des messages d’un homme dans son portable et je voulais vraiment savoir si c’était fini entre nous. Je voulais en fait qu’on s’explique une bonne fois pour toutes ».
« - Mais vous pouviez parfaitement discuter au travers de la porte, non ? », glisse le président.
« - Je voulais qu’on discute de vive voix, euh, pardon, de visu… ».
Sébastien, qui ne travaille pas, est resté avec sa compagne encore quinze jours avant de repartir vivre chez sa mère. « Et après l’épisode du harpon, qui est inadmissible, je le sais, il ne s’est plus rien passé ».
Me Laurence Nicolas souligne que son client, qui souffre d’« impulsivité », n’a jamais bénéficié d’une obligation de soins. Le tribunal suit les réquisitions du procureur Richert : douze mois dont quatre avec sursis et mise à l’épreuve avec une obligation de soins, d’indemniser la victime, de ne plus entrer en contact avec elle et également l’interdiction de détenir une arme. Même une pour chasser le mérou avec un masque et un tuba…
http://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-agglomeration/2016/06/02/il-tire-au-harpon-dans-la-porte-des-toilettes

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