vendredi 24 juin 2016

Adélaïde, morte noyée à Berck : 18 ans de prison requis contre Fabienne Kabou

Je requiers contre Fabienne Kabou la peine de 18 années de réclusions criminelle, un suivi socio-judiciaire, avec injonction de soin." Luc Frémiot, avocat général, a annoncé ce vendredi matin ses réquisitions au 5ème du procès de Fabienne Kabou à la Cour d'Assises du Pas-de-Calais.

S'adressant aux jurés, il a dit : "Le petit fantôme va nous accompagner un moment, il faudra que vous viviez avec. Cet été, vous allez partir en vacances, vous irez peut-être à la plage. Dans des criques de Bretagne ou de Méditerranée. Je veux que vous écriviez sur la plage le nom d’Ada, avant qu’il ne s’efface."  

Selon ses aveux, Fabienne Kabou s'était rendue le 19 novembre 2013 de la région parisienne à Berck dans le but de noyer Adélaïde, qui, durant
sa courte vie, n'aura pas eu d'existence légale, faute d'avoir été inscrite à l'état civil. Le corps de la fillette avait été retrouvé au petit matin, le lendemain, par des pêcheurs de crevettes.

"Les histoires tragiques se ressemblent, on nous a dit que c'était un cas historique, mais c'est faux", a affirmé Luc Frémiot, estimant que Fabienne Kabou était un cas "psychanalytique" et non pas "psychiatrique". Trois psychiatres ont conclu que Fabienne Kabou présentait une "pathologie psychiatrique
de type paranoïa délirante", mais d'autres ont contesté cette thèse, parlant simplement d'"un trouble psychique".

M. Frémiot a estimé qu'il fallait arrêter avec "ce tout psychiatrique". "La vie ce n'est pas ça, on est dans l'humain, dans les sentiments", a-t-il dit. "Le sujet, c'est cette petite dont on a si peu parlé, parce que Madame Kabou a pris toute la place en raison de sa personnalité... vous donnez l'impression d'une reine offensée", a-t-il dit en s'adressant à l'accusée. Mais "ce n'est pas parce que vous êtes belle et que vous avez un QI de 135, qu'on ne peut pas vous poser des questions qui font mal", a-t-il ajouté. "La sorcellerie ? Les voix ? Les murs qui tremblent ? Mais ce catalogue-là Madame, vous pianotez sur internet, c’est le catalogue qu’on retrouve en premier sur les phénomènes paranormaux. (…)  Ça nous rassure, on en a besoin parce qu’on se dit « c’est pas possible qu’une mère tue son enfant » ! (…) Ces voix que vous entendez, c’est la conscience du crime qui vous ronge ! (…)" S'adressant aux jurés : "Je me moque des psychiatres, je me moque s’il y a altération ou pas. Je vais faire appel à votre intelligence, à votre logique, à votre conscience ! "

"Vous aviez le masque de l'indifférence et de l'ironie et je ne peux pas le supporter", a-t-il poursuivi, en regardant l'accusée, impassible dans son box, tête haute et bras croisés. "J'étais pressée par quelque chose, j'étais poussée, j'étais incitée... Je n'avais pas le choix, je n'avais le choix de rien, la date était fixée, c'était ce jour-là et pas un autre", avait affirmé au début du procès Fabienne Kabou à la présidente, Claire Le Bonnois, qui lui demandait pourquoi, ce 19 novembre 2013, elle avait pris le train pour Berck.

"Chez vous tout est lisse, tout est planifié"

L'avocat général s'est également adressé à Fabienne Kabou elle-même : "Il faut que vous bougiez dans votre cœur et dans votre âme. La rédemption si elle existe, elle est au prix de la lucidité sur soi-même. Vous avez décidé de l’emmener. J’ai dit au cours de l’audience que c’était plus de la préméditation, c’est de la planification.(…) La planification c’est quand on a de la haine. Chez vous tout est lisse, tout est planifié. Quand je vais demander une peine contre vous, je veux que vous la compreniez, que vous l’acceptiez, qu’elle vibre en vous."

Fabienne Kabou, 39 ans, comparaît depuis lundi pour homicide volontaire avec préméditation. Elle encourait la réclusion criminelle à perpétuité. Vers 11h, son avocate, Me Fabienne Roy-Nansion, avocate de Fabienne Kabou, s'apprêtait à plaider. Le verdict est attendu dans la journée. 


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