vendredi 24 juin 2016

Affaire Christelle Maillery : la schizophrénie de Jean-Pierre Mura en questions

Jean-Pierre Mura a toujours nié les faits qui lui sont reprochés. Mais parfois maladroitement, sans développer, sans crier à l'injustice comme on peut se l'imaginer, dans pareil cas. Mais ce jeudi 23 juin 2016, à Dijon, il a changé d'attitude. Pour la première fois depuis le début de son procès en première instance il y a un an à Chalon-sur-Saône, l'accusé du meurtre de Christelle Maillery au Creusot en 1986, a véritablement clamé son innocence depuis son box.

D'abord, en répondant à Marie Pichon. La maman de la victime était la première à prendre la parole, pour décrire sa fille disparue, rendre hommage à son "courage". Et, malgré l'émotion, Mme Pichon a tenu à s'adresser à Jean-Pierre Mura directement, comme lors du premier procès. "Que penserait votre mère de vous voir là ? C'est le moment de dire la vérité" lui a-t-elle lancé, calmement. "Ma mère, elle serait dégoutée de savoir que je suis ici, elle serait très malheureuse ! Je peux vous dire quelque chose madame, c'est que je n'ai pas tué votre fille. Si je l'avais tuée, je vous l'aurais dit, je suis une personne honnête. J'ai fait des conneries, mais je n'ai pas tué votre fille" a répondu l'accusé. Et Jean-Pierre Mura a de nouveau nié fermement, en répondant la la présidente : "on me fait porter le chapeau pour faire avancer l'affaire. On m'accuse du meurtre de Christelle Maillery, et moi je n'ai pas tué cette jeune fille. Et si vous avez des preuves contre moi, "dites-moi le" ! Je ne veux pas de suppositions", a déclaré l'accusé.
 

Quand s'est déclarée la schizophrénie de Jean-Pierre Mura ?


Jean-Pierre Mura est schizophrène, une schizophrénie de type paranoïde. Le déclenchement de cette maladie est établi à l'année 1989, avec des premières crises hallucinatoires, qui conduiront à son internement en psychiatrie en 1990. Il se voit "mi-homme, mi-serpent", il entend des voix qui l'insultent, des situations qui peuvent le rendre agressif. Il fera plusieurs autres passages à l'hôpital pour des crises similaires, jusqu'en 2010. Parfois, lors de ces bouffées délirantes, Jean-Pierre Mura évoque le meurtre de Christelle.
Le docteur Gérald Alloy explique à la cour : "quand il y a des passages à l'acte d'un schizophrène, on retrouve une violence extrême, sans mobile. C'est dans un processus où le sujet se sent en danger. Souvent le schizophrène ne va pas avoir tendance à modifier la scène de crime. Ce n'est pas un crime, c'est une décharge d'agressivité. Sur le moment, il a une cohérence interne, mais une fois à distance du passage à l'acte, il peut être dans un processus de déni de ce qui s'est passé. Ce n'est pas un problème de mémoire, mais pour se protéger".

Mais pour la défense, en 1986, au moment du meurtre de Christelle Maillery, la schizophrénie de l'accusé n'est pas encore déclarée. Elle ne le sera que 4 ans plus tard, ce qui rend moins plausible un passage à l'acte violent de Jean-Pierre Mura, à une époque où ses proches le décrivent tous comme ayant un comportement normal.

Un autre expert psychiatre, le docteur Zagury, précise malgré tout que, si Jean-Pierre Mura est bien l'auteur des faits, son discernement devra être considéré comme altéré en 1986, notamment en raison du recul par rapport à l'évolution de sa maladie, pendant près de 30 ans. 
Vendredi 24 juin, après les plaidoiries et les réquisitions, la cour devra donc répondre à deux questions. Jean-Pierre Mura a-t-il volontairement donné la mort à Christelle Maillery en 1986 au Creusot ? Si oui, son discernement était-il altéré au moment des faits ? Le verdict est attendu en fin d'après-midi. http://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne/

Aucun commentaire: