samedi 25 juin 2016

Dijon : Jean-Pierre Mura est condamné en appel à 20 ans de prison pour le meurtre de Christelle Maillery

C'est l'épilogue de 30 ans de doutes et de souffrances pour la famille de Christelle Maillery, tuée au Creusot de 31 coups de couteau le 18 décembre 1986. Comme en première instance, Jean-Pierre Mura a été condamné en appel à Dijon à une peine de 20 ans de réclusion criminelle.
Huit heures. C'est le temps qu'il a fallu à la cour et au jury pour délibérer ce vendredi 24 juin 2016 à Dijon. Dans une affaire vieille de 30 ans, les protagonistes ont encore dû patienter pour ce verdict en appel. Et comme en première instance il y a un an devant les assises de Chalon-sur-Saône, l'accusé a été reconnu coupable du meurtre de la jeune Christelle Maillery, au Creusot le 18 décembre 1986. La cour et le jury ont également considéré que son discernement était altéré au moment des faits (les prémices de sa schizophrénie). En conséquence, Jean-Pierre Mura est condamné à 20 ans de prison. Comme il y a un an. 

Les pièces d'un puzzle
"Cette affaire, c'est comme un puzzle. Pendant 30 ans, on a sorti beaucoup de pièces du jeu, on a vérifié toutes les pistes", a annoncé Me Didier Seban, avocat de la partie civile, dans sa plaidoirie, livrant ensuite à la cour son scénario du crime, au vu des différents éléments du dossier : "vous croisez Christelle, elle vous suit dans la cave, elle vous dit non, vous ressentez le vide en vous, les prémices de la schizophrénie, vous sortez votre couteau et vous frappez, vous frappez, vous frappez, et vous partez, vous jetez le couteau... Et pendant 30 ans, cette affaire va vous obséder, vous tenez un carnet, vous accusez tout le monde ! Et quand vous vous rendez compte qu'on vous a retrouvé, vous mentez. En rendant Jean-Pierre Mura coupable du meurtre, vous rendrez la paix à Christelle, et à sa famille.”

Dans la foulée, c'est l'avocat général, Philippe Chassaigne, qui accable l'accusé dans ses réquisitions, faisant notamment référence à la visite de Jean-Pierre Mura dans la cave où s'est déroulé le meurtre, 10 ans après les faits, pour aller uriner à l'endroit même où le corps a été retrouvé : "pourquoi se rendre dans la cave dix ans après le meurtre ? Pourquoi une telle curiosité, excepté l'adage qu'un assassin revient toujours sur le lieu de son crime ?" L'avocat général énumère l'ensemble des éléments du dossier : les aveux (répétés) de Jean-Pierre Mura, sa passion pour les couteaux, les similitudes entre le couteau retrouvé dans un buisson de la Charmille deux mois après le meurtre et ceux affûtés par Jean-Pierre Mura, ses différentes agressions, et son obsession pour le meurtre de Christelle, qui resurgit régulièrement dans ses crises hallucinatoires, ou dans les conversations avec ses amis.

Pour la défense, pourtant, "ce n'est pas un puzzle, ce dossier. C'est une énigme. On peut tout imaginer. On ne peut rien affirmer. Il y a eu beaucoup de noms dans cette affaire, des personnes inquiétées par l'enquête, sans alibi, aux déclarations incohérentes, mais auxquelles on ne s'intéresse pas" a lancé Me Audrey Bittard dans une plaidoierie véhémente. "Un seul doute, et vous devez l'acquitter. Juger, c'est aussi douter" a-t-elle conclu. Visiblement, les jurés ont douté, et pris 8 heures pour délibérer. Mais à 21h30, la cour a finalement livré un verdict allant totalement dans le sens des réquisitions. 

Un coupable, après 30 ans et deux procès


Pour la famille et les proches de Christelle Maillery, cette nouvelle condamnation marque la fin d'un très long combat pour connaître la vérité, relancé sur le plan judiciaire au début des années 2000 grâce au soutien de l'association "Christelle". Après le verdict, Marie Pichon, la maman de la victime, ne cachait pas son immense soulagement. 30 ans après le meurtre, la justice a condamné Jean-Pierre Mura à 20 ans de réclusion criminelle, pour la deuxième fois en deux ans.

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