jeudi 30 juin 2016

L'aide-soignante rédige le testament de son patient

«Vos explications sont éminemment étranges», lâche Dominique Bardou. Hier, le président du tribunal correctionnel de Castres a visiblement eu du mal à croire la version que la prévenue lui servait à la barre, pour expliquer ses actes. Une aide-soignante de 53 ans comparaissait pour avoir écrit elle-même, en février 2014, le testament d'un de ses patients, en fin de vie dans le service des soins palliatifs de l'hôpital de Castres. Un testament qui faisait d'elle la bénéficiaire de la coquette somme de 120 000 €. Après avoir nié les faits durant toute l'enquête, elle a fini, confrontée à deux expertises graphologiques, par reconnaître hier à la barre, qu'elle avait bien rédigé elle-même ce testament. Non sans affirmer l'avoir fait sous la dictée du patient , qui devait décéder quelques jours plus tard, à 63 ans, d'une longue maladie.

«Il m'a forcée»

«Il m'a forcée à le faire en me menaçant de me dénoncer pour maltraitance et m'a fait promettre de ne jamais le dire. J'étais sous son emprise», dira pour sa défense la prévenue à la carrière irréprochable jusque-là.
Mais les trois frères du défunt et son fils adoptif ont tout de suite été surpris de l'imprécision du testament et des tournures de phrases qui ne correspondaient pas à la façon d'écrire du défunt, cultivé et instruit. «Il n'y avait pas l'ombre d'un doute qu'il s'agissait d'un faux, a indiqué le procureur Emmanuel Abentin. Il ne croit pas deux secondes aux menaces d'un homme mourant évoquées par la prévenue. Cela n'a ni queue ni tête ce qu'elle raconte. Elle prend le tribunal pour un idiot et salit la mémoire du défunt».

12 mois avec sursis

«C'est un soulagement qu'elle reconnaisse enfin qu'elle a écrit cette lettre mais quel dommage qu'elle n'aille pas jusqu'au bout des aveux», a pour sa part indiqué Maître Yves Salvaire, l'avocat des parties civiles, parlant d'un acte «lamentable de dépouiller un mort». Maître Elian Gaudy, l'avocat de l'aide soignante, mariée et mère de deux enfants de 21 et 24 ans, a tenté d'expliquer par un drame familial vécu dans l'enfance, la raison pour laquelle sa cliente s'était enfermée dans ce mensonge. Cela n'a pas convaincu le tribunal qui l'a condamnée à 12 mois de prison avec sursis et à verser 1 500 € de dommages et intérêt à chacune des quatre victimes
http://www.ladepeche.fr/communes/castres,81065.html

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