mercredi 15 juin 2016

Lorraine : policier blessé à coups de sabre en 2014 : « j’ai pensé qu’il allait me tuer »

Un silence lourd. Puis des sanglots. Christophe Andréoli est submergé par une irrésistible vague d’émotion. Dès son arrivée à la barre des témoins de la cour d’assises de Nancy, ce policier nancéien d’une quarantaine d’années, craque.
Puis il se reprend. Les mots tombent. Froidement. Et ils forment un implacable réquisitoire contre l’homme qui est dans le box depuis ce mardi : Sabahaddin Kose, un marginal de 51 ans au crâne rasé et au visage abîmé par les années de galère et les cicatrices.
« Le 15 mars 2014, il a détruit ma vie, celle de ma compagne, celle de ma famille et celle de mes collègues », accuse le gardien de la paix Andréoli. Il poursuit avec le récit terrifiant de cette journée fatidique.
Dans la matinée, avec deux autres collègues, il est appelé pour intercepter un individu suspect qui se balade avec un sabre dans les rues de Nancy. Les policiers tombent sur l’homme au katana à un arrêt de bus, près de la gare. Dès que ce dernier voit les uniformes, il sort l’arme de son étui. Il menace le gardien de la paix Andréoli et une adjointe de sécurité.
Tous deux tentent de le gazer avec leurs bombes lacrymogènes. Rien n’y fait. Leur adversaire continue à avancer comme si de rien n’était. Sabre en avant. « Je lui ai vidé ma bombe en plein visage et j’ai été stupéfait que cela ne lui fasse rien », témoigne Christophe Andréoli qui recule, trébuche, tombe, se relève puis chute de nouveau au sol.
Alors qu’il est à terre, l’homme au katana se précipite sur lui. L’arme levée. « J’ai pensé qu’il allait me tuer. C’est d’ailleurs le dernier souvenir que j’ai. Depuis, chaque jour, lorsque je me réveille, je vois cette image : Sabahaddin Kose devant moi avec son sabre », lâche le policier. La suite ? Il ne s’en rappelle pas. C’est le trou noir.

« Il y a mon sang qui coule et je suis paniqué »

Il y a un premier coup de sabre qu’il esquive. Un deuxième qui le blesse à la cuisse. Et un troisième qu’il lui tranche la paume de la main. C’est à ce moment-là que les souvenirs du policier reviennent. Impressionnants. Cauchemardesques : « J’ai les doigts qui pendent. Je vois le sabre par terre sur ma droite. À gauche, un collègue maîtrise monsieur Kose. J’attrape ma main droite blessée avec ma main gauche. Il n’y a plus de son. Je ne ressens pas la douleur. Ce qui est très perturbant. Puis elle apparaît. C’est indescriptible. J’essaie de rester calme… Mais il y a mon sang qui coule et je suis paniqué. »
Christophe Andréoli a été hospitalisé. Il a subi deux interventions chirurgicales. Sa main a été sauvée. « Je n’ai plus de sensibilité mais j’arrive à la contrôler pour utiliser mon arme. Et je me suis battu pour pouvoir reprendre mon travail comme avant », raconte le policier qui a repris les patrouilles depuis l’été 2015.
Christophe Andréoli continue toutefois à avoir un suivi psy. Il compte aussi sur le procès et la confrontation judiciaire avec son agresseur pour se reconstruire. « J’attends depuis plus de deux ans de me retrouver face à lui », confie le gardien de la paix qui dévisage l’accusé. Ce dernier soutient le regard. Le duel est intense. Il n’y a aucune place pour des excuses ou des regrets. « Vous comprenez quand même ce que ressent ce policier ? », intervient la présidente Hologne. « Je vois surtout qu’il me regarde de travers », réplique Sabahaddin Kose qui affirme ne plus se souvenir des coups de sabre.
La faute, selon lui, à ses problèmes psy et aux médicaments qu’il ne prenait plus à l’époque. L’homme a passé le plus clair de sa vie d’adulte derrière les barreaux (22 condamnations dont une bonne partie pour des violences avec arme) ou dans des hôpitaux psychiatriques (7 internements). Avait-il conscience de ce qu’il faisait le 15 mars 2014 ? Cette question cruciale reviendra sur le tapis ce mercredi avec le témoignage des experts-psy

http://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-ville/2016/06/15/lorraine-policier-blesse-a-coups-de-sabre-en-2014-j-ai-pense-qu-il-allait-me-tuer

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