lundi 13 juin 2016

Procès Alexandre Junca : les experts concluent à deux auteurs pour la découpe du corps

Le procès a repris ce lundi, à Pau, avec les expertises du corps démembré de l'adolescent. Le verdict est attendu jeudi
Après une première semaine âpre et un week-end de pause nécessaire, le procès d'assises des responsables présumés de la mort d'Alexandre Junca le 4 juin 2011, a repris ce lundi matin.
Un retour dans le vif du sujet avec les expertises des restes de l'adolescent. Les parents se sont préparés à cette éprouvante épreuve avec leurs avocates.
Des analyses qui permettent de se concentrer sur une période pour laquelle de nombreuses questions restent en suspens : entre les 5 et 17 juin, date supposée de la dépose du corps démembré sur les bords du gave de Pau, selon Mickaël Baehrel, l'agresseur présumé de l'adolescent, alors âgé de 13 ans. L'homme accuse toujours Claude Ducos d'avoir procédé à la découpe. Pour sa part, le retraité de 77 ans continue de nier toute implication dans l'affaire.
Cinq ans ans après les faits, on ignore ce qu'il est advenu du corps pendant ces douze jours. 
Vendredi, trois des accusés ont été soumis à un interrogatoire très serré. Ce début de semaine s'annonce également tendu, notamment pour Ducos et Baehrel, qui a fait de nouvelles révélations et se trouve "au milieu du gué", selon les termes du président Bobille.
"Je pense que Monsieur Ducos doit se préparer à une durée journée de lundi", relevait pour sa part, Me Emmanuelle Leverbe, l'avocate du père d'Alexandre Junca.

La découpe : un schéma "appris, répété ou travaillé

La deuxième semaine du procès Alexandre a donc commencé ce lundi matin avec le résumé de l'expertise des restes de l'adolescent. Un exposé très éprouvant avec des photos très difficiles à regarder.
Les deux légistes, qui ont examiné la dépouille démembrée de l'adolescent, ont expliqué les coups qu'a reçus Alexandre le soir du 4 juin 2011, puis la méthode de découpe du corps.
On tire de ce résumé très clair des Dr Larbi Benali et Christophe Bou deux enseignements principaux : Alexandre a été frappé avec une extrême violence sur le crâne ; le ou la personne qui a procédé à la découpe y a passé beaucoup de temps.
Le crâne fracturé de l'adolescent était l'une des photos les plus glaçantes de cet exposé. La blessure rectangulaire suite au coup de marteau était notamment visible. Toute la face gauche du visage a été profondément endommagée. "Ces lésions ont pu entraîner une perte de connaissance initiale et une phase comateuse, suivie d'un décès par oedème cérébral post-traumatique."
Est-ce la preuve d'un acte commis à plusieurs? Le président devrait vouloir éclairer cette question dans les heures qui suivent.
L'autre partie de cet exposé a concerné le démembrement du corps. Un travail long et méthodique qui ne ressemble pas au schéma de découpe habituel vu dans les annales criminelles. L'éviscération préalable ainsi que des découpes peu aisées au niveau des articulations ou le sectionnement des côtes inhabituel sont autant d'éléments qui procèdent d'un schéma "appris, répété ou travaillé".
Plusieurs lésions sont dissonantes dans ce démembrement méticuleux. Des coupes ratées préalables au reste du travail. Est-ce la preuve d'un acte commis à plusieurs? Le président devrait vouloir éclairer cette question dans les heures qui suivent.
Conclusion du légiste : il y a un premier auteur inexpérimenté qui commence à démembrer puis un second, expérimenté lui, avec une vraie stratégie. Ce dernier a une méthode avec de "très fortes similitudes"avec le schéma de découpe du cochon "qu'il connaît, qu'il a répété".

Ce qu'il faut retenir des quatre premiers jours de procès

Les nouvelles révélations de Mickaël Baehrel
Vendredi, poussé dans ses retranchements par le président et l'avocat, et face à la mère d'Alexandre - "On a des questions, vous avez des réponses", lui a t-elle lancé, les yeux dans les yeux à la barre - Mickaël Baehrel a décrit un nouveau scénario pour la nuit du 4 juin 2011, qui colle avec la téléphonie. « Christophe Camy (poursuivi comme lui pour vol avec violences ayant entraîné la mort, NDLR), a arrêté Alexandre. Je l'ai frappé seul. Pour moi, il était mort après les coups. Je l'ai amené chez Fatima Ennajah, rue Guichenné, en le tirant par les bras. »
L'épisode du 31, rue Guichenné n'est pas très clair en ce qui concerne Ennajah, la compagne de Baehrel (poursuivie pour non-dénonciation de crime et recel de cadavre), qui a tenu des propos confus. Que savait-elle alors que Baehrel a tenté de la joindre au téléphone, a-t-elle vu quelque chose ? Elle maintient qu'elle n'a pas vu le corps cette nuit-là. 
Ensuite, « J'ai appelé mon ami Christian Pierre. On a transporté le corps dans une poubelle jusqu'à chez lui, au 43, rue Montpensier. Puis on a laissé la poubelle dans la cour. Le lendemain, j'ai appelé Claude Ducos. Il est arrivé en rentrant sa Peugeot 605 grise sous le porche en marche avant. Il a pris le corps et ensuite je ne sais pas. »
Dans ses aveux, Baehrel donnera également de nouveaux éléments à propos de la dépose du cadavre démembré sur les bords du gave de Pau, sous une digue en construction. Le premier jour du procès, l'accusé avait indiqué que c'était Claude Ducos qui avait choisi de mettre le corps à cet endroit-là.
Sauf qu'à la question, "C'est vous qui avez l'idée de le mettre là ? Le jeune homme a répondu : "Honnêtement oui."  
« Oui, c'est moi qui ai eu l'idée du gave. » « J'ai ouvert les sacs. » « J'ai creusé tout seul. » « J'ai recouvert de galets. » « J'ai vu Claude Ducos jeter quelque chose au milieu de la rivière. »
"Monsieur Baehrel, avez-vous participé à la découpe?" l'interrogera-t-on par ailleurs. "Non" répondra-t-il.
Claude Ducos, chahuté, continue de nier
Claude Ducos, soupçonné d'avoir procédé au démembrement du corps de l'adolescent, a nié en bloc, et ce malgré les nombreux "éléments troublants" de l'enquête évoqués par le président."Je n'y suis absolument pour rien", a-t-il dit, mercredi, lors du deuxième jour du procès.
Des questions qu'a dû de nouveau affronter ce "chasseur depuis toujours", jeudi, alors qu'étaient présentés à l'audience les enquêtes de personnalités et les profils psychologiques des accusés.
Avec quelques flèches lancées par les enquêteurs. "Pendant les entretiens, Claude Ducos montre peu d'affect. Il disait qu'il n'y était pour rien dans cette affaire mais en même temps on ne sent pas une grosse colère de sa part."
Jugé pour "recel de cadavre, atteinte à l'intégrité d'un cadavre, destruction de preuve et non-dénonciation de crime", il encourt trois ans de prison.

http://www.sudouest.fr/2016/06/13/proces-alexandre-junca-une-journee-qui-s-annonce-eprouvante-2398421-4344.php

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