jeudi 16 juin 2016

Procès d'Alexandre : l'ado achevé à coups de marteaux alors qu'il pleurait

A lexandre Junca, collégien de 13 ans tué en juin 2011, ne serait pas mort sur le coup mais aurait repris conscience avant d'être achevé parce qu'il pleurait, a affirmé mercredi le principal accusé du meurtre, glaçant la cour d'assises de Pau avec cette nouvelle version.
Depuis le début du procès le 7 juin, Mickaël Baehrel, marginal de 30 ans jugé pour "vol avec violence ayant entraîné la mort", a constamment varié dans son récit du meurtre, survenu dans le centre-ville de Pau le 4 juin 2011. Ce soir-là, Alexandre Junca rentre chez son père lorsque Christophe Camy, un autre marginal âgé de 28 ans, co-accusé de Baehrel et qui encourt comme lui la réclusion à perpétuité, lui vole son portable. Selon les deux hommes, le collégien serait revenu pour réclamer son téléphone. C'est à ce moment que Baehrel lui aurait asséné coups de poing et de marteau, parce qu'"il avait la rage", sans plus d'explication. Mais jusqu'à présent, le jeune SDF avait toujours soutenu que le collégien était déjà mort lorsqu'il l'avait transporté dans l'immeuble de sa compagne, Fatima Ennajah, 50 ans, accusée de "non-dénonciation de crime".

Un aveu terrible

Énième mensonge ou aveu suscité par la présence dans la salle d'audience de son père, l'une des rares personnes devant laquelle il semble soucieux de faire bonne figure? Mercredi matin, Baehrel a secoué la cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques en affirmant pour la première fois qu'Alexandre Junca avait repris conscience. "J'ai déposé l'enfant en face de l'appartement d'Ennajah, qui lui a donné un médicament parce qu'il pleure", lâche Baehrel. Saisis par cette révélation qui glace la famille d'Alexandre, les magistrats soumettent alors l'accusé à un feu de questions pour lui faire préciser ses dires.

"Après, il était mort..."

Baehrel explique avoir commencé par porter à Alexandre des coups de poing et un coup de marteau, qu'il avait sur lui. "Dans quel état l'enfant est à ce moment-là?", presse le président Francis Bobille. "Il est sonné", répond Baehrel, assurant qu'il le croit mort à cet instant. C'est dans l'immeuble d'Ennajah que le collégien aurait repris connaissance. Ennajah "m'a vu avec Alexandre et lui donne un médicament car il était revenu à lui, il pleurait", poursuit-il. Une déclaration compatible avec les constatations des médecins légistes qui ont retrouvé des traces de paracétamol dans le corps d'Alexandre, alors qu'il n'avait aucune raison d'en prendre selon sa mère. "De l'entendre pleurer, ça m'a rendu fou. J'ai asséné plusieurs coups de marteau. Après, il était mort...", bredouille l'accusé.

Il reconnaît avoir tenté de démembrer la victime puis se rétracte

Comme il l'avait déjà raconté au procès à l'occasion d'un précédent revirement, Baehrel aurait appelé à l'aide Christian Pierre, un autre marginal décédé depuis. Celui-ci serait alors venu "avec une poubelle" pour y placer le corps d'Alexandre et l'emporter sous le porche de son immeuble. Selon Baehrel, c'est Claude Ducos, 76 ans, qui donnait de l'argent au marginal en échange de fellations, qui viendra chercher le corps le lendemain pour le charger dans le coffre de sa voiture. Le septuagénaire, chasseur chevronné, est soupçonné d'avoir ensuite démembré le cadavre pour le faire disparaître. Lundi, Baehrel a brièvement reconnu avoir tenté de découper lui-même sa victime peu après le crime, avant de se rétracter.

L'un des accusés comparaît libre

Malgré d'intenses recherches, des semaines s'étaient écoulées entre la disparition du collégien et la découverte de son corps : d'abord un fémur fin juin, puis d'autres restes en octobre en bordure de la rivière traversant Pau. Claude Ducos nie en bloc depuis le début. "Baehrel ment ! Si vous me condamnez, vous condamnez un innocent complet", a-t-il encore protesté mercredi. "Ducos n'est pas un menteur, c'est un dissimulateur redoutable, un artiste de la dissimulation", a relevé dans sa plaidoirie Robert Malterre, avocat de cousins et neveux d'Alexandre, parties civiles. Jugé pour "recel de cadavre, atteinte à l'intégrité d'un cadavre, destruction de preuve et non-dénonciation de crime", Ducos, seul à comparaître libre, encourt trois ans de prison mais a déjà passé quinze mois en détention provisoire.
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