lundi 13 juin 2016

Sète : l’avocate compétente en tout... ne l’était en rien

U ne femme de loi sétoise a été radiée du barreau et ne peut plus exercer en France. Une quarantaine de personnes sont concernées par son inaction. 
C'était une catastrophe ambulante." Ce cinglant résumé d'un proche du dossier explique en lui seul pourquoi Me Criado Laguna, avocate installée à Sète, a été définitivement radiée du barreau de Montpellier, le 29 février dernier, avec interdiction d'exercer en France.

Sage-femme, promoteur immobilier puis avocate

Curieuse trajectoire que celle de cette Espagnole de soixante ans aujourd'hui, dont le premier métier fut sage-femme. Elle a ensuite embrassé la carrière de promoteur immobilier avant de passer sa licence d'avocate - par correspondance - en Espagne. La sexagénaire est d'ailleurs toujours inscrite au barreau de Sabadell. Diplôme en poche, l'avocate a bénéficié d'un texte européen permettant à tout “homme de loi” de s'inscrire dans n'importe quel barreau d'un autre pays. Sans que le pays hôte ne puisse d'ailleurs vérifier la qualité de ses diplômes.
L'Espagnole d'origine s'est alors installée à Sète en 2013. Elle a placé son cabinet, MJC Advocats, rue Honoré-Euzet avant de créer récemment une autre antenne avenue Maréchal-Juin. Rapidement, plusieurs clients de Me Criado Laguna, voyant que leurs dossiers n'avançaient pas, que les réponses de la femme de loi n'étaient pas claires - mais que les provisions étaient, elles, bien encaissées - se sont émus de la situation auprès du bâtonnier (le “patron” des avocats) à Montpellier.

Des “atteintes multiples à la déontologie”

Un dossier a été constitué. "On lui reprochait des atteintes multiples à la déontologie", évoque Me André Brunel, le bâtonnier. La principale était basée sur le fait que l'avocate empochait les provisions des clients. Point barre. Le dossier n'avançait jamais pour une raison simple : "Elle est radicalement incompétente en droit français." Une quarantaine de personnes sont concernées par son inaction. En outre, le barreau trouvait la publicité de ce cabinet-là un rien "tapageuse. À croire ses pubs, elle était spécialiste en tout, mais elle ne l'était en rien." En effet, les avocats ont le droit de faire de la publicité mais celle-ci ne doit pas être mensongère.
Me Criado Laguna a été jugée par le conseil de discipline du barreau et condamnée en novembre 2015 à trois ans d'interdiction d'exercer en France. Elle a fait appel, tout autant que le bâtonnier. Et fin février dernier, la cour d'appel a prononcé sa radiation et l'interdiction d'exercer en France. Depuis ?
L'avocate continuait d'exercer comme si de rien n'était. Une publicité sur son cabinet vient même de paraître dans le journal municipal de la Ville de Sète. Alors pour mettre fin à ces agissements, le bâtonnier - en personne - a fait une descente, fin mai, avec huissiers, policiers et serrurier - dans les deux antennes du cabinet MJC Advocats afin de récupérer tous les dossiers des clients.
"Un bâtonnier qui fait une descente chez un avocat, je crois que c'est une première", en sourirait presque Me André Brunel. Le cabinet est désormais fermé. Le Parquet général est saisi, tout comme le Procureur de Montpellier. "Si elle rouvre, elle sera dans le cadre d'une activité illégale", précise le bâtonnier. Bref, l'avocate est surveillée. De près.

http://www.midilibre.fr/2016/06/11/l-avocate-competente-en-tout-ne-l-etait-en-rien,1347511.php

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