"La mise hors de cause d'Henri Leclaire est totale", a souligné Me Thomas Hellenbrand. Ce dernier avait interjeté appel d'une première décision, le 20 avril, des juges d'instruction qui, contre l'avis du parquet, avaient décidé de renvoyer Henri Leclaire aux côtés de Francis Heaulme devant les assises de Moselle.
Henri Leclaire avait été le premier à avouer en 1986 le meurtre d'Alexandre Beckrich et Cyril Beining, 8 ans, morts le crâne enfoncé à coups de pierre sur un talus SNCF sur lequel ils jouaient à Montigny-lès-Metz. Mais il s'était rapidement rétracté. Les enquêteurs l'avaient blanchi, relevant des inexactitudes dans ses déclarations. Une reconstitution avait aussi penché en sa faveur, les policiers estimant que sa corpulence l'empêchait de monter le talus.
Mis en cause par "le routard du crime"
Quelques mois plus tard, un adolescent de 16 ans, Patrick Dils, était arrêté, puis condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Premier mineur à écoper d'une telle peine, il fut, en 2001, l'un des rares détenus français à bénéficier d'une procédure de révision, qui aboutit à son acquittement. La présence du tueur en série Francis Heaulme à proximité du lieu du crime le jour du meurtre, le 28 septembre 1986, avait été un élément clef de cet acquittement.
Mais lorsqu'il a été entendu sur l'affaire, celui que l'on surnomme "le routard du crime" a mis en cause Henri Leclaire : il l'aurait vu, ensanglanté, à proximité des lieux du crime ce même 28 septembre 1986. Ces accusations n'ont pas suffi pour incriminer M. Leclaire qui a bénéficié d'un non-lieu. Et Francis Heaulme a finalement comparu seul, le 31 mars 2014, devant les assises de la Moselle.
Hypothèse "journalistique"
Le procès a toutefois été ajourné dès le deuxième jour d'audience, après des témoignages de dernière minute incriminant à nouveau Henri Leclaire. Il y avait celui d'une femme devant laquelle il aurait évoqué l'affaire de Montigny après lui avoir livré ses courses, expliquant avoir "attrapé" les enfants, mais pas les avoir tués. Et le récit d'un cheminot, qui s'est souvenu avoir vu un homme "ressemblant à 90%" à M. Leclaire, les vêtements ensanglantés, le jour du double meurtre.
Déjà condamné sept fois pour neuf meurtres, dont deux fois à la perpétuité, Francis Heaulme avait à l'audience réitéré ses accusations contre Henri Leclaire, soutenant l'avoir aperçu en train de descendre le talus en courant, les vêtements en sang. Les deux hommes auraient-ils pu commettre le crime ensemble ? La chambre de l'instruction a estimé jeudi qu'il ne s'agissait que d'une hypothèse"journalistique" et qu'elle n'avait pas à "se prononcer sur une fiction", ont rapporté les avocats à l'issue de l'audience
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