mardi 2 août 2016

Trois mois de prison pour apologie du terrorisme

Un Fuxéen de 35 ans a été condamné, hier, à trois mois de prison ferme pour «apologie du terrorisme». L'homme a assuré ne pas être radicalisé et «regretter» ses paroles. Mais la justice n'a pas caché son «malaise».
En cette période troublée, certaines attitudes ne sont pas bien vues. Notamment celles qui consistent à proférer des menaces ou de faire l'apologie d'actes de terrorisme.
Dans ce cas, c'est un Fuxéen de 35 ans qui en a fait l'amère expérience. Samedi, vers 21 h 30, alors qu'il se trouvait place Parmentier, il a lancé l'appel du muezzin auquel doivent répondre les musulmans pratiquants. Des témoins de la scène ont préféré alerter les forces de l'ordre. Mais à l'arrivée des policiers sur les lieux, l'homme s'est énervé et a lancé : «La France mérite ses bombes et ses attentats. La France est l'ennemie des musulmans. Quand je ne serai plus sous le contrôle de la justice, j'irai au Pakistan et à mon retour, vous ferez moins les malins».
Il a été immédiatement interpellé et placé en cellule de dégrisement (le dépistage a révélé un taux de 0,59 mg d'alcool par litre d'air expiré) avant d'être placé en garde à vue pour ses propos relevant de l'apologie d'actes de terrorisme.
Lors de son audition, et à la barre, le prévenu a assuré qu'il ne s'agissait que «de propos tenus sous l'effet de l'alcool», de «bêtises». «Vous vous rendez compte de l'impact que cela peut avoir ?», l'interroge Fabienne Clément, la présidente du tribunal. «Oui. J'ai dit ça parce que c'est ce que je vois à la télé et parce que j'ai des connaissances qui sont allées là-bas mais ce n'est pas du tout ma vision de la religion», lâche-t-il.
Pour autant, le procureur de la République, Karline Bouisset, ne cache pas son «malaise» : «Samedi, il a dit qu'il regrette. Mais je sais aussi que l'alcool désinhibe. Alors, quelle est sa vraie personnalité ? Je ne suis pas sûre que soit celle que nous voyons aujourd'hui», note la magistrate. Car si la perquisition menée à son domicile n'a révélé aucun signe de radicalisation, le prévenu explique qu'il n'a pas répondu à toutes les obligations liées à un sursis avec mise à l'épreuve (SME) «parce que j'étais allé à Paris voir ma famille», constituée de «frères musulmans»…

«Il faut le suivre et ne pas le laisser s'enfoncer»

La magistrate du ministère public requiert donc quatre mois de prison, dont deux avec SME : «Je demande une peine mixte parce qu'il faut le suivre et ne pas le laisser s'enfoncer dans la radicalisation», précise Karline Bouisset en ajoutant, également, 100 € d'amende pour la contravention d'ivresse publique.
Me Pauline Quintanilha reconnaît le «contexte particulier». Mais pour l'avocate de la défense, le prévenu «n'est pas un terroriste». «C'est un homme qui vit à la limite de la marginalité, sans téléphone et sans connexion Internet, et qui souffre aussi de troubles de la personnalité. Et c'est parce qu'il a pris conscience de ses difficultés qu'il se rattache à la religion pour essayer de s'en sortir», plaide Me Quintanilha. Comme le parquet, enfin, elle souligne que les problèmes, dont son passé judiciaire, du prévenu sont surtout liés à sa consommation d'alcool. Elle invite donc le tribunal à tenir compte de la personnalité, plus que du contexte national, avant de condamner le prévenu.
Au final, l'homme écope de 3 mois de prison ferme. «Vous bénéficiez déjà d'un SME jusqu'en 2018. Ce n'est donc pas la peine d'en rajouter un autre. Mais c'est à vous de faire, désormais, la part des choses entre ce que vous devez faire pour vous en sortir et ce qui est interdit», prévient Fabienne Clément.

http://www.ladepeche.fr/communes/foix,09122.html

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