mercredi 17 août 2016

Une relation de voisinage détonante

Avec ses cheveux blancs soigneusement coiffés, sa barbe courte et ses lunettes à fines montures, Claude M.., 68 ans, ressemble davantage à un prof de philo en retraite qu'à un «client» habituel du tribunal correctionnel. L'homme, divorcé depuis tellement longtemps qu'il en a oublié la date, fait un peu ours. Il aimait la chasse. Il s'est pris de passion pour l'entomologie. «Une occupation plutôt pacifique, et en décalage avec les violences avec armes qui vous sont reprochées», commente, un brin ironique, le président Vincent Anière.
Claude M.., en effet, est poursuivi pour avoir ouvert le feu sur son voisin, le 20 juillet dernier, le blessant grièvement à un pied. Il s'était saisi d'une carabine avant de tirer depuis sa fenêtre. La victime se trouvait alors dans son jardin, avec ses petits-enfants. Le tireur affichait un taux d'alcoolémie plus que respectable, plus de 2,4 g d'alcool par litre de sang.
Ses raisons de son geste, il ne se les explique pas. Pas très sûr de son fait, il avance que ce voisin lui aurait subtilisé un livre d'entomologie. Il n'est pas fier de ce qu'il a fait : «Je regrette, assure-t-il. Il ne méritait pas ça. J'aurais mieux fait de le rater».
Pas de dispute le jour des faits… Pas d'accrochage dans les jours qui ont précédé… Pas d'explication claire à cette relation de voisinage détonante : ce coup de carabine inquiète visiblement le procureur de la République Lisa Bergereau : «Voilà quelqu'un qui peut avoir des réactions extrêmement violentes et impulsives», fait-il remarquer. Et l'inquiétude s'accroît lorsqu'on découvre, dans un local où l'homme stockait quelques affaires, plusieurs fusils de chasse et six cents cartouches, soigneusement dissimulés. À deux reprises - en 2003 et 2013 - Claude M.. avait pourtant était condamné pour des violences avec armes, et ses fusils avaient été saisis. La magistrate réclame alors huit mois de prison, dont trois avec sursis et mise à l'épreuve. Son avocate a insisté sur l'«absence de dangerosité de son client», relevée par le psychiatre chargé de l'examiner.
Claude M.. a été condamné à 9 mois de prison, dont 5 avec sursis et mise à l'épreuve pendant deux ans. Il lui est interdit de revenir dans le village où il demeurait, de détenir des armes et d'entrer en contact avec la victime. Il doit aussi accomplir une démarche de soins
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