jeudi 8 septembre 2016

Bouligny (Meuse) : harcelée par son mari

A la barre, Corinne (*) a du mal à retenir ses larmes. Elle raconte le calvaire qu’elle subit depuis quelques années, auprès de son mari, avec qui elle a eu sept enfants. « Au début tout allait bien, et puis, quand les enfants ont grandi, j’ai voulu un peu plus de liberté, aller travailler… » C’est à ce moment-là, dit-elle que son conjoint a changé. Jusqu’à surveiller ses moindres faits et gestes.
Il installe même un traceur GPS dans sa voiture, pour savoir où elle va. Et une horloge, qui dissimule en fait un enregistreur pour qu’il sache ce qu’il se passe dans l’habitacle. « C’était au cas où on volait la voiture », dit Gérard (*), qui comparaissait pour harcèlement sur son épouse, ce mercredi, devant le tribunal correctionnel de Verdun. Il finit par avouer qu’il était sûr que son épouse le trompait et que c’est pour cela qu’il la surveillait. « Je prenais parfois un jour de congé pour la suivre. »

Droguée par son mari ?

Une autre procédure pour tentative de meurtre est en cours. Et quand Corinne fait référence à ce qu’elle a subi, son sang se glace. Elle l’accuse de lui avoir fait avaler des médicaments à son insu, de l’avoir droguée… Ses enfants et même sa collègue en témoignent. « Papa préparait le jus d’orange de maman et il nous empêchait de le boire », raconte le fils de 12 ans. Quand la collègue de la jeune femme témoigne du fait qu’elle arrivait au travail sans tenir debout, et que son mari restait sur le parking, pendant qu’elle faisait son job. Elle a été licenciée depuis… « J’ai fait des analyses et c’est ses médicaments à lui qu’on a retrouvé dans mon sang », précise Corinne. En détaillant qu’un soir, en pleine nuit, il l’a transportée dans la voiture, à moitié inconsciente jusqu’à un étang : « Il avait pris son VTT avec lui. Que voulait-il me faire ? », se demande-t-elle a posteriori. En ajoutant : « J’étais devenue son jouet, sa marionnette. » Heureusement, ce soir-là, il s’est embourbé avec la voiture et a dû appeler un de leurs fils. Le prévenu nie tout en bloc. Il ne l’a jamais droguée : « Elle pouvait piocher dans mes médicaments, ils sont en libre-service. » Et d’assurer qu’il n’a jamais été insultant ou menaçant : « Elle dit tout ça pour me faire du tort. » Depuis quelques mois, Corinne a repris le dessus, elle a trouvé un appartement où elle vit avec son jeune fils. « Elle a été déclarée travailleuse handicapée, au vu de son état. Elle n’est pas tranquille psychologiquement, elle a toujours peur de lui », précise son avocate Me Nadège Dubaux. Qui plaide : « Si c’était dans le cadre du divorce qu’elle voulait se venger et que Monsieur était persuadé qu’elle le trompait, pourquoi n’a-t-il pas demandé un divorce pour faute ? Elle gagne 650 € par mois, dont 300 € de pension alimentaire. Elle n’avait vraiment rien à gagner à partir. » Au vu de la gravité des faits, la substitut Frédérique Chiron requiert trois mois de prison ferme et trois mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve : « Il faut qu’il se soigne. » Jugement : six mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans.
(*) Les prénoms ont été modifiés.
http://www.estrepublicain.fr/edition-de-verdun/2016/09/07/bouligny-harcelee-par-son-mari

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