jeudi 15 septembre 2016

Des victimes à jamais meurtries dans leur chair

Pour le troisième jour du procès du braquage du McDonald's de Villefranche, les quatre parties civiles ont été entendues par la cour. Des confessions douloureuses.
La journée d'hier a commencé par l'ouverture des scellés, un fusil de chasse à canons superposés et deux pistolets à grenailles trouvés à proximité du sac à dos contenant le butin, suivie du visionnage de la bande de vidéosurveillance enregistrée pendant les faits. Des images qui, si elles n'ont pas vraiment révélé le rôle de chacun des protagonistes, ont réveillé de douloureux souvenirs aux victimes présentes dans la salle d'audience qui, depuis six ans, tentent de rayer de leur mémoire cette soirée du 19 avril.
«à la fin du service, je classais des cartons avec le manager qui a ouvert la porte. Un premier homme vêtu d'un pantalon jaune (Driss, NDLR) est entré, a pointé un pistolet sur moi et m'a dit de me mettre à terre, je me suis exécuté. Ensuite, deux autres hommes sont entrés. J'avais les yeux rivés au sol mais je crois que pendant tout le temps, quelqu'un est resté à côté avec une arme pointée sur moi. Entre-temps, une personne m'a fouillé pour savoir si j'avais un téléphone et m'a frappé deux fois à la tête, avec le canon je crois. C'est confus, j'ai vu sur la vidéo qu'on m'avait tapé au début, je ne m'en souvenais plus», raconte Alain, alors équipier polyvalent au McDonald's, qui s'en est sorti avec une plaie de 2 cm du cuir chevelu et un stress psychologique qui lui ont valu deux jours d'incapacité de travail. Aujourd'hui autoentrepreneur, Alain déclare ne pas souffrir de séquelles. «Sur le moment, lorsque j'étais à terre, j'avais l'impression que j'allais mourir, j'avais peur que le coup parte. Je crois que j'ai digéré tout ça mais j'ai décidé de ne plus travailler dans un endroit où il y a de l'argent».

«Selon moi, c'était Youness»

Ce n'est pas le cas de Ludivine, alors équipière polyvalente, qui pleure tout au long de son témoignage qu'elle termine en accordant son pardon à Driss, ou de Sanaa, chef d'équipe, enceinte de quatre mois au moment des faits, qui expliquent toutes deux que l'après-braquage a été très compliqué et que la peur est toujours bien présente.
Le récit de Guillaume, qui était manager depuis trois ans au moment des faits, apporte un éclairage tout particulier. Lui aussi a eu très peur : «Celui qui me surveillait avec le fusil a explosé mon portable posé à côté de moi avec la crosse du fusil et le coup est parti. C'était le plus violent des trois. Je pensais à mon fils de 2 jours, à mon père parti un an avant. Aujourd'hui, je ferme les volets, j'ai toujours peur alors que je dois être l'homme de la famille. J'ai démissionné six mois après car j'allais au travail presqu'en pleurant». Cet homme qu'il décrit comme être le plus violent, c'est, selon lui, Youness, qui nie les faits depuis le début. «Je pense que Driss ne dit pas la vérité et que c'est Youness et non Larbi qui tenait le fusil», lâche Guillaume en triturant un mouchoir en papier derrière son dos. Une déclaration qui pousse l'avocat général à faire mettre les trois accusés debout, côte à côte. «Maintenez-vous cette thèse ?», demande Alain Guglielmi. «Oui, selon moi, c'était Youness».
Enfin, l'ancien directeur du McDo de Villefranche est entendu comme témoin et non en tant que partie civile. Il explique avoir reconnu Driss tout de suite, malgré son maquillage. Driss qui lui a asséné un coup de crosse qui lui a valu une plaie au scalp de 4 cm. Et Driss qui faisait l'objet, avant le vol du détecteur de faux billets, d'une procédure disciplinaire pour retards et absences répétés.
Voilà qui écorne quelque peu l'image qu'a renvoyée Driss tout au long du procès, celle d'un homme intelligent, intègre, travailleur, persévérant et bien d'autres qualificatifs que tous les témoins cités se sont accordés à mettre en exergue.
 

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