mercredi 21 septembre 2016

Le conseiller prud'homal et patron a-t-il voulu intimider un avocat sur un litige ?

Le conseiller prud'homal Jean Jocqueviel a-t-il voulu intimider l'avocat de trois de ses salariés qui étaient en litige avec lui devant le conseil des Prud'hommes de Montauban? L'affaire qui était jugée, hier devant le tribunal correctionnel, et en présence du mis en cause, s'est tenue, pour le moins dans un contexte passionné, pour ne pas dire dans une atmosphère électrique... La bâtonnière, Me Catherine Marty-Holder s'étant constituée partie civile pour l'Ordre des avocats de Tarn-et-Garonne, au côté de Me Jérémy Gloriès qui défendait son confrère et plaignant, Me Nicolas Antonescoux, le dossier contre le conseiller Prud'homal, a pris une tournure très symbolique.
Défendu par le ténor du barreau toulousain, Me Simon Cohen, le patron de grandes surfaces, aujourd'hui à la retraite, réfutait à la barre les accusations portées par Me Antonescoux. Le jeune avocat montalbanais avait, en effet, déposé plainte en février 2015 après un coup de fil «menaçant» du chef d'entreprise qui aurait voulu «l'intimider dans l'exercice de ses fonctions». Une affaire qui avait fait l'objet d'une simple composition pénale devant le délégué du procureur de la République et qui ne se serait pas retrouvée devant le tribunal, si Jean Jocqueviel ne s'y était opposé. «Je l'ai appelé, je le reconnais pour lui demander de cesser d'interférer dans la défense de mon dossier», certifiait l'ex patron qui niait avoir menacé l'avocat. «Mais quel était l'intérêt de cet appel?», insistait la présidente Vanessa Maury. «J'avais changé d'avocat et Me Antonescoux s'est permis de lui dire que ce n'était pas lui qui assurait la défense de ma société», indiquait J. Jocqueviel qui insistait pour dire qu'il n'avait en aucun cas évoqué «le dossier sur lequel nous étions adversaire aux Prud'hommes». Et de toutefois confesser : «En tant que conseiller prud'homal, je n'aurais, sans doute, pas dû l'appeler». Un point sur lequel rebondissait Me Gloriès : «Vous êtes conseiller prud'homal, vous saviez que vous n'aviez pas à appeler l'avocat de vos salariés, pourquoi avez-vous passé cette règle». «Je voulais que les interférences de Me Antonescoux cessent pour la neutralité du dossier», lui rétorquait l'intéressé. «Des interférences, il y en avait», lui répondait du tac au tac la présidente. Vous êtes conseiller prud'homal et vous étiez protagoniste dans un dossier des Prud'hommes». La charge de la bâtonnière était aussi sévère : «Pourquoi ne pas avoir demandé le dépaysement du dossier?» Interrompu vigoureusement par Me Cohen qui lui renvoyait la question, Me Marty-Holder poursuivait : «Mais de quel droit demandez-vous à un avocat de ne plus s'occuper de la défense de vos salariés!» Ce n'est pas non plus du côté du parquet que le prévenu recevait du soutien, le substitut de la République, Mathias Marchand, qui soutenait la plainte de Me Antonescoux, ne réclamait toutefois que 300 € d'amende. «Parce que son honneur est blessé, il demande 500 € de dommage et intérêt, plaidait Me Cohen. Mais que vaut l'honneur d'un avocat, tonnait le ténor toulousain qui s'étonnait que cette plainte n'ait pas été classée par le parquet. Verdict le 25 octobre.
http://www.ladepeche.fr/communes/montauban,82121.html

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