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La tâche n’est pas simple. Quelques heures plus tôt, l’avocat général a requis la peine maximale à son encontre. Trente ans de prison. Et depuis deux semaines, un torrent d’injures s’est déversé sur celle qui a « menti à la France entière » en prétendant que sa « pépette » avait été enlevée alors qu’elle l’avait enterrée avec Berkane Makhlouf, son ancien compagnon, jugé avec elle pour les mêmes faits.
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Renaud Portejoie le sait. Ces injures, il les lit tous les jours sur les réseaux sociaux. Ce vendredi, il décide même de les lire à la cour d’assises. « Un exemple ? ‘’Torturez-la à mort ! Torturez-la et jetez ses restes dans une piscine d’acide. » Et l’avocat d’enchaîner, ironique : « Vous ne servez à rien Mesdames, Messieurs les jurés. Le verdict est déjà rendu
Une « camée » et des « doutes »
Non, le verdict ne sera rendu que dans la soirée ou dans la nuit de vendredi à samedi. Et Renaud Portejoie a prévu de parler une petite heure pour instiller le doute, s’il y en a, dans l’esprit des jurés appelés à juger. Alors, il fait varier le ton de sa voix, il occupe l’espace, il parle avec les mains pour marteler qu’il n’y a que des « hypothèses » dans le dossier. Aucune « certitude ».commencer par la cause de la mort de la fillette. Son corps n’a jamais été retrouvé. Donc jamais autopsié. A-t-elle succombé à des violences ? Absorbé des médicaments ? De la drogue ? Il le reconnaît aisément, sa cliente est une « camée » qui laisse ses enfants, seules la nuit, pour aller dans les bars. Mais, à part une déclaration de Berkane Makhlouf sujette à caution, rien n’indique qu’elle a été violente vis-à-vis de Fiona.
La tombe ? « On lui a posé mille fois la question ! »
« Dans le doute, on ne condamne pas. Dans le doute, on acquitte, demande-t-il. Dans le doute on fait un signalement pour un enfant en danger. » La manœuvre est habile. Assistantes maternelles, institutrices, voisines : les témoins qui ont défilé, à la barre, pendant les dix jours d’audience n’ont jamais estimé que la petite Fiona était « en danger ».>> Procès Fiona: Bourgeon, Makhlouf, un couple uni par le mensonge
Mais, trois ans après, le problème demeure aussi insoluble que la « tombe » de Fiona introuvable. Cécile Bourgeon ne s’en souvient plus. Et cela ne joue pas en sa faveur. Renaud Portejoie décide d’aborder ce problème frontalement. « On lui a posé mille fois la question ! Vous ! Nous [ses avocats]. Et elle ne s’en souvient pas. Elle ment. Donc si elle ment, elle est coupable. » Ou comment affirmer une thèse pour, en fait, mieux la dénoncer.
Parti d’un mensonge 2013, ce dossier est resté celui d’une vérité impossible à établir. Et de ressentiments de spectateurs qui, pour certains, ont cherché la fillette dans tout le département. Dans le lot, il y a même peut-être certains jurés. Est-ce parce que les faits remontent à trois ans que Renaud Portejoie répète autant de fois sa conclusion ? « Faites barrage à l’émotion ! Faites barrage à l’émotion ! Faites barrage à l’émotion ! Et vous direz la justice…
http://www.20minutes.fr/societe/1968863-20161125-affaire-fiona-faites-barrage-emotion-direz-justice-exhorte-avocat-bourgeon
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