vendredi 25 novembre 2016

Affaire Fiona: «Faîtes barrage à l’émotion et vous direz la justice», exhorte l’avocat de Bourgeon

« Je suis effrayé par la colère qui rôde dehors… » Le public faisait encore la queue devant la cour d’assises de Riom (Puy de Dôme), ce vendredi vers 13h, quand Renaud Portejoie s’est avancé dans le prétoire pour plaider en faveur de sa cliente. Cécile Bourgeon est jugée pour des « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner » de sa fillette de 5 ans, Fiona, en 2013.
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La tâche n’est pas simple. Quelques heures plus tôt, l’avocat général a requis la peine maximale à son encontre. Trente ans de prison. Et depuis deux semaines, un torrent d’injures s’est déversé sur celle qui a « menti à la France entière » en prétendant que sa « pépette » avait été enlevée alors qu’elle l’avait enterrée avec Berkane Makhlouf, son ancien compagnon, jugé avec elle pour les mêmes faits.
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Renaud Portejoie le sait. Ces injures, il les lit tous les jours sur les réseaux sociaux. Ce vendredi, il décide même de les lire à la cour d’assises. « Un exemple ? ‘’Torturez-la à mort ! Torturez-la et jetez ses restes dans une piscine d’acide. » Et l’avocat d’enchaîner, ironique : « Vous ne servez à rien Mesdames, Messieurs les jurés. Le verdict est déjà rendu 

Une « camée » et des « doutes »

Non, le verdict ne sera rendu que dans la soirée ou dans la nuit de vendredi à samedi. Et Renaud Portejoie a prévu de parler une petite heure pour instiller le doute, s’il y en a, dans l’esprit des jurés appelés à juger. Alors, il fait varier le ton de sa voix, il occupe l’espace, il parle avec les mains pour marteler qu’il n’y a que des « hypothèses » dans le dossier. Aucune « certitude ».
 commencer par la cause de la mort de la fillette. Son corps n’a jamais été retrouvé. Donc jamais autopsié. A-t-elle succombé à des violences ? Absorbé des médicaments ? De la drogue ? Il le reconnaît aisément, sa cliente est une « camée » qui laisse ses enfants, seules la nuit, pour aller dans les bars. Mais, à part une déclaration de Berkane Makhlouf sujette à caution, rien n’indique qu’elle a été violente vis-à-vis de Fiona.

La tombe ? « On lui a posé mille fois la question ! »

« Dans le doute, on ne condamne pas. Dans le doute, on acquitte, demande-t-il. Dans le doute on fait un signalement pour un enfant en danger. » La manœuvre est habile. Assistantes maternelles, institutrices, voisines : les témoins qui ont défilé, à la barre, pendant les dix jours d’audience n’ont jamais estimé que la petite Fiona était « en danger ».
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Mais, trois ans après, le problème demeure aussi insoluble que la « tombe » de Fiona introuvable. Cécile Bourgeon ne s’en souvient plus. Et cela ne joue pas en sa faveur. Renaud Portejoie décide d’aborder ce problème frontalement. « On lui a posé mille fois la question ! Vous ! Nous [ses avocats]. Et elle ne s’en souvient pas. Elle ment. Donc si elle ment, elle est coupable. » Ou comment affirmer une thèse pour, en fait, mieux la dénoncer.
Parti d’un mensonge 2013, ce dossier est resté celui d’une vérité impossible à établir. Et de ressentiments de spectateurs qui, pour certains, ont cherché la fillette dans tout le département. Dans le lot, il y a même peut-être certains jurés. Est-ce parce que les faits remontent à trois ans que Renaud Portejoie répète autant de fois sa conclusion ? « Faites barrage à l’émotion ! Faites barrage à l’émotion ! Faites barrage à l’émotion ! Et vous direz la justice… 

http://www.20minutes.fr/societe/1968863-20161125-affaire-fiona-faites-barrage-emotion-direz-justice-exhorte-avocat-bourgeon

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