samedi 10 décembre 2016

Deux ans ferme pour avoir tiré dans le dos de son compagnon

Al’envers du rêve, le revolver. La formule pourrait résumer ce qui a armé le bras de Laure Morel lorsqu’elle a tiré par trois fois dans le dos du père de ses trois enfants. « À 15 ans, elle l’a choisi pour son côté rebelle et voyou, à 30 ans, elle en a eu assez de cette vie et a décidé de sortir de l’impasse à coups de revolver », a ainsi observé Me Schwerdorffer, avocat de l’homme victime. Avant de souligner que ce dernier « ne lui en veut pas, a refait sa vie et souhaite qu’elle ne soit pas renvoyée en prison mais reste libre pour s’occuper de ses enfants ».

Deux ans sous bracelet électronique

Au terme de deux heures et demie de délibérations, la cour d’assises l’a condamnée à cinq ans, dont trois avec sursis. Soit deux ans ferme qu’elle purgera sous bracelet électronique.
L’avocat général Alexandra Chaumet avait requis sept ans.
Épilogue d’une affaire atypique de bout en bout. Où les accusées comparaissaient libres et la victime détenue (dans le cadre d’une affaire de braquage). Où les débats ont souligné l’indigence de l’enquête comme de l’instruction. Au point de laisser certaines questions en suspens.
À commencer par celle de l’arme réellement utilisée. Sachant que le revolver jeté par la sœur et repêché dans le Doubs n’avait pas été trouvé lors de la perquisition, alors qu’il se trouvait dans la chambre des enfants.
Un dossier où, malgré leurs positions en théorie diamétralement opposées, avocats de la défense et de la partie civile auront fait chorus sur nombre de points.
Notamment sur les raisons du passage à l’acte telles que décrites par l’expertise psychiatrique : « Un sentiment d’enfermement, d’isolement et d’étouffement psychologique. Elle avait des rêves, des désirs ; lui n’avait pas de projets. Elle se sentait mourir à petit feu. C’est dans ce contexte, sur fond de violence banalisée, qu’elle a ruminé jusqu’à l’obsession. Jusqu’à ce jour où elle a décidé d’en finir avec lui. » Bref, elle aurait tiré pour s’en tirer.
La goutte de trop ? Le fait que Monsieur ait, la veille, menacé l’un de ses fils avec un bâton et malmené « Buffy », la chienne de Madame.
Me Chenin, pour la défense, a réussi à disqualifier la préméditation (« elle était dans l’improvisation totale ») et fait requalifier les faits en tentative de meurtre, et non plus d’assassinat.
Quoi qu’il en soit, « aujourd’hui, je choisirais une autre solution », a indiqué Laure Morel, qui a depuis concrétisé certains de ses rêves en trouvant du travail et en s’adonnant sa passion pour la danse.
L’accusée, avant que la cour se retire pour délibérer
Aujourd’hui, j’ai une autre vision des choses, je sais qu’on ne se sépare pas de quelqu’un en essayant de le tuer
 

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