mardi 20 décembre 2016

Le meurtre de Maryline, un crime prémédité

Elle s'appelait Maryline Blondeau, mais tout le monde l'appelait Marie. Cette femme de 53 ans a été trouvée morte le 23 juillet derrière la boulangerie où elle travaillait, à Carmaux. Cinq mois après, la piste du crime passionnel incontrôlable s'éloigne, celle d'un assassinat prémédité par son ex-amant se précise. Le procès devrait avoir lieu fin 2018. Rappel des faits.
Samedi 23 juillet à Carmaux. Marie s'apprête à faire sa tournée. Employée depuis 17 ans par «Le Fournil du Ségala», elle connaît ses 120 clients du jour par cœur. Est-ce à eux qu'elle pense au moment de se diriger vers le hangar ? À celui qui lui fait peur, depuis trop de mois ? La veille, elle a mis de l'ordre chez elle, bougé tous les meubles et pris des photos qu'elle a promis de montrer à une amie le samedi soir, enfin libérée de son amant. Du moins, c'est ce qu'elle croyait.
Samedi matin à 8 h 30, Marie est retrouvée morte derrière la boulangerie. Son corps est transpercé par plusieurs coups de couteau. Très vite, les enquêteurs acquièrent la conviction que la victime connaît son agresseur. En dehors des plaies mortelles au thorax, l'autopsie ne révèle aucune trace de lutte. Le principal suspect n'est autre que son ancien «compagnon», un homme de 51 ans qui s'est installé chez elle début octobre 2015, le lendemain même du départ de son mari. Il s'agit d'une vieille connaissance retrouvée par hasard, à l'occasion de travaux de peinture effectués au domicile de Marie. Sa vie de couple est faite de hauts et de bas, rien de rédhibitoire. Décrit comme un homme intelligent et rusé, le peintre aurait creusé les failles et obtenu ce qu'il voulait, le départ de l'époux.
Pour Marie, la «lune de miel» est de courte durée. Quelques semaines après, vient la première claque. Sa meilleure amie ignore l'ampleur du problème, jusqu'au 25 décembre. Pour Noël, elle a invité sa sœur, un autre employé de la boulangerie, Marie, et donc son «compagnon». À table, ce dernier aurait jeté un froid en déclarant selon les témoins : «Si elle me quitte, je fous le feu à la baraque et je la flingue.» A-t-il mis ses menaces à exécution ? Toujours est-il qu'une semaine avant sa disparition, Marie doit faire face à un début d'incendie à son domicile. Un avertissement deux semaines après avoir enfin eu le courage de rompre ? Ou une pure coïncidence ? L'amie ne croit pas au hasard et se terre elle aussi. Car, selon Marie, celui qui va vite être désigné comme le suspect numéro un par les enquêteurs du SRPJ de Toulouse aurait «mis un contrat» sur la tête de cette amie et sur celle de l'ex-époux, qu'il accuse tous les deux de l'avoir éloignée de lui. Marie répète à l'envi que «se mettre avec ce mec est la pire des conneries» qu'elle ait jamais faite. Elle rêve de renouer avec le père de ses enfants. Selon l'amie, «la troisième raclée» est le déclic qui lui donne le courage de mettre son amant dehors. Une décision insupportable pour le suspect… qui, lors de sa deuxième garde à vue, va reconnaître être l'auteur des coups de couteau.
Ce dernier est finalement mis en examen pour homicide volontaire avec préméditation et incarcéré le 29 août 2016. Les deux enfants de Marie et leur père se constituent partie civile. Ils sont aujourd'hui représentés par Mes Frédéric Albarède et Hervé Fournier, deux anciens bâtonniers. Pour Me Fournier, «tout l'enjeu du procès, qui devrait se tenir fin 2018, va être de faire reconnaître la préméditation pour que la peine de l'accusé soit la plus lourde possible». Sans nier les faits qui sont «moches», Me Sebastien Delorge, l'avocat de la défense, attend de la mesure : «Qu'il s'agisse d'un amour pathologique est évident et ces deux termes devront être pris en compte».
http://www.ladepeche.fr/communes/carmaux,81060.html

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