mardi 24 janvier 2017

AZF : on reprend tout à Paris

Cet après-midi, devant la Cour d'appel de Paris, s'ouvrira le troisième procès de la catastrophe d'AZF. Quinze ans après le drame qui a bouleversé Toulouse, les débats se dérouleront pendant quatre mois dans la capitale, au grand dam des victimes qui espéraient un procès à Toulouse.
C'est dans la salle d'audience historique de la Cour d'Appel de Paris, dans les lieux même où l'on jugea Pétain en juin 1945, que s'ouvrira aujourd'hui le procès en appel de la catastrophe d'AZF. Quinze ans après le drame, on repart à zéro, et surtout, ce dernier (?) round d'une interminable saga judiciaire va se dérouler à 700 kilomètres du cratère, encore béant au sud de Toulouse.

L'éternel débat : accident ou attentat ?

Et, comme lors des deux premiers procès, c'est une audience fleuve à laquelle il faut s'attendre avec 53 jours d'audience, 120 tomes de procédure, 187 témoins, plus de 2 700 parties civiles, près d'une centaine de journalistes accrédités. Sur les bancs de la défense, une douzaine d'avocats, dont des ténors du barreau de Paris, comme Daniel Soulez-Larivière, pour Grande Paroisse ou Jean Veil pour Total. Du côté des parties civiles, c'est Stella Bisseuil qui reste le principal porte-drapeau des victimes ; on verra aussi sur ces mêmes bancs des figures du barreau toulousain : Jean-Luc Forget, Laurent de Caunes, Thierry Carrere, François Cantier, Christophe Leguevaques, Agnès Casero. Jacques Monferran, lui, sera du côté de la défense.
On va donc repartir sur l'éternel débat : accident chimique dû à un croisement de produits incompatibles, suite à une mauvaise gestion du circuit des déchets à l'intérieur de l'usine, c'est la thèse de l'accusation, celle qui avait été retenue par les juges en appel. Hypothèse que réfute la défense, qui estime, elle que d'autres pistes n'ont pas été explorées, y compris la piste intentionnelle, celle d'un attentat.
La cour de cassation, le 13 janvier 2016, avait cassé et annulé l'arrêt de la cour d'appel, pour deux motifs, et notamment parce que l'une des magistrates composant la cour avait eu des responsabilités dans une association d'aide aux victimes, ce qui, selon la cour, pouvait laisser un doute sur son impartialité.
La loi impose désormais que les grandes catastrophes, comme les actes de terrorisme soient désormais jugés par des cours spéciales à Paris. Ce «dépaysement» ulcère les victimes qui se retrouvent exilées à 700 kilomètres de chez elles dans un environnement inconnu et très coûteux. D'autant plus que Christiane Taubira leur avait promis le contraire…
Un procès qui ne cesse de reculer dans le temps et dans l'espace, et des victimes qui attendent…
http://www.ladepeche.fr/communes/toulouse,31555.html

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