Un drame qui s’est tenu à l’abri des regards dans cette maison de Montemboeuf pendant quatre décennies mais que Me Laure-Anne Lucas, avocate de la victime, ne voulait absolument pas voir juger à huis clos. « Tout le monde le savait mais personne n’a rien fait. Il faut que ces violences intra-conjugales soient racontées », insiste-t-elle
"Précarité totale"
Les coups tombaient pour rien. D’une gifle si la soupe n’était pas prête, à la rouste quand elle n’était pas assez vite servie. « Il utilisait une sorte de trique », ajoute Me Lucas. Un souffre-douleur sur lequel Albert Delavergnas passait ses nerfs. Les viols seraient arrivés dans les derniers temps. « Pas par punition mais juste pour assouvir ses pulsions sexuelles », précise l’avocate. Le fils, lui, aurait participé à cette perte de dignité en distribuant les coups. Son suicide ne laisse aucune trace de cause à effet.À Montemboeuf, le couple vivait à part. La victime, mère au foyer, n’avait pas de contact avec l’extérieur. Elle n’avait pas de voiture, pas d’ami. Son époux était pépiniériste. « Un homme tout à fait inséré, ajoute Me Lucas. Qu’on ne nous avance pas le misérabilisme, ce serait trop réducteur. » Pour Me Véronique Chabrier, avocate de la défense, l’histoire s’est précisément construite dans une « précarité totale, un manque de repère éducatif », une ruralité dans ce qu’elle a de plus régressif. « Pour lui, le viol entre époux n’existe pas, précise-t-elle. C’est triste mais le niveau intellectuel est extrêmement bas. Ils vivaient dans un autre siècle. » Pour preuve, leur deuxième enfant a été élevé par les grands-parents et est actuellement placé sous tutelle.
Aujourd’hui, la victime s’est murée dans un silence énigmatique. « Elle ne montre aucune colère, explique Me Lucas. Est-ce qu’elle a trop souffert pour ne plus être capable de montrer sa souffrance ? Elle en a parlé spontanément lorsqu’elle a été auditionnée. Elle a déposé son fardeau. C’est quelqu’un qui a toujours été fragile. »
Totalement sous emprise, elle n’aurait pas jugé utile de déposer plainte, de sortir de cet enfer. Les experts psychologues devront répondre à ces questions. Le verdict devrait être rendu au plus tard vendredi.
http://www.sudouest.fr/2017/01/17/sordide-huis-clos-familial-3112342-1003.php
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