lundi 30 janvier 2017

Mères et filles qui se déchirent

Des insultes, des gifles, des cheveux arrachés… dans le huis-clos d’un appartement du boulevard Joffre à Belfort, l’ancienne professeur de lettres classiques martyrisait sa mère. Jusqu’à ce que les voisins appellent la police
« Après mon bac, je suis partie à Paris étudier les lettres classiques à la Sorbonne. Je me suis installée à Paris. J’ai enseigné, j’ai été journaliste, critique littéraire ». À la barre, une sexagénaire mince, élégante, soignée. Un port et un phrasé de grande bourgeoise. « Aujourd’hui, je vis du RSA », avoue-t-elle pourtant. « Je ne fume pas, ne bois pas, et ne consomme aucune drogue », précise-t-elle aussitôt. Elle est poursuivie pour «violence sur ascendant sans incapacité». À deux reprises, en septembre et en décembre 2016, les voisins de sa mère octogénaire ont appelé la police.
Deux familles différentes dont les témoignages concordent. Ils ont entendu les insultes, aperçu par une fenêtre ou une porte entrouverte les gifles, les cheveux tirés. Les policiers qui sont intervenus ont eux aussi entendu les cris, vu les traces de coups sur le visage de la vieille dame.
À la barre, l’ancienne prof de lettres ne nie pas. « Ce n’étaient pas des claques, mais des tapes », précise-t-elle. « Nous avons des rapports mère-fille assez peu fusionnels ». Pas de quoi, selon elle, justifier des poursuites. « On m’a mise en garde-à-vue, Monsieur le président », s’étrangle-t-elle. « Vous risquez trois ans de prison madame… ». Stupeur.
Au tour de la victime de témoigner. Un peu désorientée, la vieille dame n’en perd pas sa superbe. « Je voulais vous demander de ne pas appliquer la force injuste de la loi, comme le disait le président Mitterrand. Les coups, ils sont déjà oubliés. D’ailleurs, les fatmas des Résidences sont frappées tous les jours et personne ne porte plainte. »
Au ministère public, Ariane Combarel remet l’affaire en perspective. « C’est une fille indigne, c’est un être humain indigne. » Parlant de la mère : « Quel être humain peut accepter de prendre des gifles, de se faire traîner par les cheveux ? Et on parle des fatmas des Résidences ! Quel environnement, quel mépris ». Et de requérir six mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve, avec obligation de soin.
Me Madeline Legrand, avocate de la défense, veut envisager l’avenir. « Il faut que cette relation se poursuive, apaisée ».
L’ancienne enseignante a été condamnée à six mois de prison avec sursis mise à l’épreuve

http://www.estrepublicain.fr/edition-belfort-hericourt-montbeliard/2017/01/30/meres-et-filles-qui-se-dechirent

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