jeudi 26 janvier 2017

Meurtre de Léa : Seureau explique enfin son passage à l'acte criminel

L e troisième jour du procès en appel de Gérald Seureau, jugé pour le meurtre et les viols de Léa, 17 ans, le 1er janvier 2011, démarre ce mercredi 25 janvier devant la cour d'assises de l'Aude. Lors du premier procès, il avait écopé de la réclusion criminelle à perpétuité.
20 h 30 : aux assises de l'Aude, Gérald Seureau, parle enfin. Il explique son passage à l'acte, le même qui était consigné dans ses aveux de premières garde à vue, annulé par la suite. "On a eu un début de relation... L'hypothèse la plus probable, c'est que j'ai eu une panne sexuelle qui m'a donné une grande frustration... Je n'ai pas réussi à avoir d'érection avec l'alcool et la drogue, ce qui m'a rendu extrèmement nerveux, peut-être il y a eu un mot de trop et il y a ce déchaînement de violence... Je me vois sur elle avoir ma main sur sa gorge, je me vois lui infliger plusieurs coups... Elle a réussi à se retourner, j'ai commis l'irréparable, je lui ai maintenu la tête au sol et j'ai fait des actes encore pires..."
19 h 20 : le technicien informatique du SRPJ livre à présent ses analyses des ordinateurs de la victime et de l'accusé.
"Ma conclusion sur la victime : Léa est une personne cultivée, lettrée, érudit. Pour l'ordinateur de Gérald Seureau, là c'est beaucoup plus sombre, ténébreux. Il était fasciné par le loup, wolf utilisé à de nombreuses reprises, il était intéressé par le satanisme, le morbide, le macabre, des images sanguinaires mettant en scène des mutilations ou des suicides. Pour la musique, le thème du métal revient et des mots comme "cadavre, suicide, meurtre, agression" apparaissent, comme "racisme, holocauste"..."
 "Le 29 décembre 2010, deux photos ont été envoyées avec un individu avec un masque à gaz et une arme.
J'ai restauré un livre effacé : "osez le jeu de la soumission" et il y avait la vidéo "Phallucifer" qui raconte un couple
de gothique qui pratique le sadomasochisme. Une autre vidéo met en scène des chevaliers qui commettent des tueries en masse, il y aussi des vidéos sur la guerre mondiale et "Hitler la naissance du mal", il s'est vraiment intéressé aux idées nazies. Il y avait aussi des fichiers audio rangé dans un répertoire "RAC" comme racisme, un dossier national socialiste avec des liens vers des sites extrêmistes, des photos de l'intéressé habillé en nazi et faisant le salut hitlérien".

18 h 20 : L'avocate générale Manon Brignol questionne Seureau sur le témoignage d'Eliès. "Vous avez entendu ce témoin, vous lui avez indiqué le soir du réveillon vouloir "prendre un 9 mm, faire un gros carnage et vous mettre une balle". Vous confirmez ?" "C'est des paroles, je pense que j'étais en pleine déprime, c'était un appel à l'aide" répond l'accusé.
"Quand vous êtes déprimé vous avez des envies de meurtre ?" "Bien sûr que non ! Vu que je suis réservé, j'étais dans la provoc', j'essayais d'aller le plus loin possible".
18 h 00 : Eliès, 25 ans, était lui aussi au réveillon macabre.
"J'étais dans le jardin avec Gérald, on se connaissait depuis quelques années, mais surtout dans les bars, il finissait souvent torché à faire n'importe quoi. Il disait qu'il ne supportait pas les gens qui frappaient les femmes... Dans la soirée, il me dit qu'il veut acheter un 9 mm, faire un carnage et se tirer une balle dans la tête. Il a sorti des plaquettes d'antidépresseur, je lui ai dit fais pas ça, je suis allé changer la musique".
Le témoin a peu de souvenir de la soirée. Le lendemain quand il réapparaît, il vous a dit, "la peur dans les yeux c'est pas moi j'ai rien dit" lit le président. Vous aviez des soupçons et vous avez dit "Gérald est un peu timbré à la base".
"Oui".

16 h 55 : Le président lit maintenant l'échange de SMS du 1er janvier 2011 après-midi, entre Marion, qui cherche à tout prix à retrouver et l'accusé qui est rentré chez lui après avoir récupéré ses affaires dans la maison du réveillon.
15 h 12. "Qu'est-ce qui s'est passé avec Léa on s'inquiète pas mal" "Sincèrement rien de mal, je me rappelle juste l'avoir paumée vers la Comédie".
"On a eu peur t'étais couvert de sang". "Je suis déprimé, je me suis défoulé contre un mur, je voulais pas le dire devant tout le monde...Je suis pas un psychopathe MDR (mort de rire NDLR)" "Il faut que tu m'en dise plus, sa mère veut appeler les flics si tu peux nous aider c'est cool". "j'en sais pas plus, j'étais vraiment HS". "Vous faisiez quoi là bas dehors  en tee-shirt ? sans rien ! ". "On a réellement rien fait de mal vraiment".
"On a vu pas mal de sang sur toi et des griffures... Là on ne sait pas si elle est en vie, elle a peut-être fait un coma éthylique". "Je sais rien du tout c'est ça le pire, j'espère qu'elle a rien, elle était déchirée aussi... Les griffures c'était dans la chambre, on se roulait des palots lol, je suis pas un tueur ou un violeur sérieux". "Le problème n'est pas là, on ne sait pas où elle est". "Ca craint alors, mais je ne la connais pas vraiment des masses".
16 h 30 : L'audience reprend
Marion, une des participantes du réveillon, parle à son tour.
"On était une bande de gamins vraiment, c'était une soirée banale. Il se rendait compte qu'il n'allait pas bien, j'ai été le voir et il m'a dit : "en ce moment ça va pas, j'ai des problèmes avec mon père". On était inquiet, on se doutait qu'il se passait quelque chose. On a appelé les parents de Léa pour leur dire qu'on ne la trouvait pas, j'espérais qu'elle nous dise qu'elle était rentrée... Et puis vers 14 h, Gérald sortait d'un sentier de terre, il m'a fait peur, il était plein de terre et de sang, beaucoup de sang, il était blanc, livide, il n'avait plus d'expression, j'ai pensé qu'il était arrivé quelque chose à Léa, il m'a dit qu'il s'était battu sur la Comédie. Je ne croyais pas trop à cette histoire, il a récupéré son sac, il répétait s'être battu avec des gens. Tout le monde lui posait des questions. Je me faisais le film de ce qui aurait pu se passer... Les griffes m'ont marqué, dans une bagarre d'hommes il n'y a pas de griffures... On est rentré dans une parano qui s'est avérée vraie... On n'a pas osé le retenir, la peur, il est parti très vite... J'ai demandé à des personnes de fouiller le sentier, on s'imaginait que Léa était là en pleurs, on a rien trouvé. Le soir j'ai eu un coup de fil de la police, j'ai appris que Léa était décédée".
14 h 30 : L'audience s'interrompt pour reprendre à 16h. Cet après-midi seront entendus les parents de Léa. 
13 h 00 : Arrive à la barre Antoine, 24 ans, grand brun longiligne : c'est lui qui avait amené le "speed", la drogue consommée à la soirée du réveillon.
"La soirée s'est passée normalement... Y'avait beaucoup d'alcool, j'avais ramené deux grammes de "speed"... "Vous trouvez l'usage du "speed" normal ? Je pensais qu'un fils d'avocat avec une idée plus carrée..."l'interrompt le président. "Non ce n'est pas normal... C'était la première fois, j'en avais jamais pris". "Pourtant vous en aviez jusqu'aux yeux selon votre taux dans le sang ! Et ça vous a fait quel effet ?" "Ca m'a fait beaucoup d'excitation, le coeur qui palpite, la pleine forme, c'est le bon terme, et intellectuellement serein".
"Vous étiez désigné au départ comme le responsable par Seureau puisque vous aviez amené la drogue... Et la suite de la soirée ?" "Je me souviens pas grand chose. A partir de 5 h 30 - 6 h, on a vu Lea suivie de Gérald derrière à quelques mètres, sortir de la maison. On a commencé à s'inquiéter vers 8 h, on a essayé de les joindre sur leur téléphone, on a fait des tours en moto dans le quartier, joint les services de police, l'hôpital, tout était négatif. Et il est revenu vers 14 h, il avait l'air perdu, avec des tâches de sang sur le treillis, des traces de coups, de griffures..." "Ca ne vous alerte pas ?" interroge la cour. "Il nous a dit qu'il s'était battu place de la Comédie... Réellement, on ne voulait pas penser au pire".
12 h 15 : C'est au tour de Luca, tatoueur barbu, d'être questionné par visioconférence. Il était co-organisateur de la soirée de réveillon.

"Seureau, c'était une connaissance, j'étais pas spécialement ami avec lui. Concernant la soirée, habituellement on faisait le jour de l'An à trois ou quatre personnes, là on a décidé d'inviter Seureau. On avait un peu hésité, il avait la réputation d'être agité en soirée, surtout pour les réveillons. Il était invité nulle part, on lui a donné une seconde chance. Au début, j'ai eu une conversation avec lui, je lui ai demandé s'il allait encore faire le pitre cette année, il m'a dit que cette année il allait se tenir à carreau et être un peu plus sage. J'étais contre la présence de drogue, je lui ai dit de faire ça discrètement s'il le faisait. Vers 4 h, 5 h du matin, il avait un comportement excessif en buvant à outrance, de boire un saladier de punch, alors que tout le monde avait arrêté.

"Vous l'avez vu flirter avec Léa ?" interroge la cour.
"Oui J'étais allongé pour me reposer, Léa et Gérald étaient en tailleur et se parlaient et je les ai vu s'embrasser. Je les ai vu sortir vers 6 h, 6 h 30 dehors en tee-shirt pour fumer une cigarette".

"Au petit matin avez-vous entendu un cri ?"
"Oui je me souviens du cri, assez lointain, j'ai pensé à un oiseau ou à quelqu'un d'autre qui faisait la fête, j'ai pensé que des gens fêtaient le nouvel An dans des maisons, comme nous..."

"Quand avez-vous vu revenir Seureau ?"
A 14 h, on s'est regroupé devant la maison et Seureau est apparu, on l'a tous vu sortir du bois. Il s'est dirigé vers l'arrêt de bus, il comptait partir et on l'a interpellé. Il a regardé ses mains, il s'est tourné vers nous, il avait de grosses tâches de sang au niveau de l'entrejambe, le tee-shirt déchiré, des griffures, des marques, les doigts et les ongles abîmés couverts de terre et de sang...

"Ca provoque quel type de questions ces tâches ?"
On lui a demandé où était Léa, il a dit qu'il ne savait pas, qu'il ne se souvenait de rien, il disait "je ne me souviens de rien, je ne me souviens de rien", il a dit : "je crois que j'étais en ville place de la Comédie". Après je lui ai mâché la réponse en lui demandant : "Comment tu as pu la perdre, tu t'es retourné elle était plus là ?" Oui c'est ça il a répondu". Quand il est parti de la maison, on a réfléchi, être parti et revenu en tee-shirt, on trouvait ça un petit peu louche. Je ne pensais pas qu'il était capable d'une chose pareille, quand j'ai appris ce qui s'était passé, j'étais choqué".

10 h 45 : Lucien, l'organisateur du réveillon sanglant, est à la barre.

"J'avais envoyé les invitations via Facebook, il y avait mon cercle d'amis très proches et des amis d'amis. Léa je ne la connaissais pas. Gérald Seureau, je ne l'avais jamais invité, c'était une connaissance de bar mais il y avait d'autres connaissances de bar. Oui il y avait beaucoup d'alcool, on était une trentaine, chacun avait amené sa contribution... Pour la drogue, moi j'en prenais pas, j'ai préféré leur dire "faites ça là" pour pas qu'il y en ai partout... ça a été une soirée normale... Comme il y avait beaucoup... On avait mis la musique, y'avais de l'ambiance, du bruit, beaucoup de mouvement". 

"Il y a un épisode avec un saladier de punch ?" questionne le président Cayrol.
"C'était vers 11 h, minuit, j'avais préparé ce saladier de punch, Gérald en a bu une grosse partie d'un coup, une bonne quantité, du saladier".

"Seureau vous demande un endroit pour s'isoler avec Léa ?"
"Je leur ai dit que le seul endroit c'était les toilettes ou la salle de bains. Après nous sommes au salon, je les vois passer pour aller au jardin. Le matin on commence à s'inquiéter parce qu'ils avaient laissé leur blouson, On se rationnalise en se disant qu'ils ont été chez des amis. Mais on a fait des tours de quartier, on a appelé les hôpitaux, la police après les amis. Certains ont dit ce n'est pas normal, pour moi il y avait une explication rationnelle... On a ensuite appelé la mère de Léa pour lui dire qu'on ne savait pas où elle était... On était impuissant, on avait fouillé le quartier, on avait appelé tout le monde, on ne pouvait qu'attendre".

"Et il y a le retour de Seureau" poursuit la cour.
"Il est sorti du petit chemin de terre, on lui a demandé ce qui se passait, il nous explique qu'ils sont partis avec Léa en centre-ville et qu'il l'a perdue de vue place de la Comédie, c'est confus. Ensuite, il récupère ses affaires et rentre chez lui".

"Comment était sa tenue ?"
"En boots, treillis avec son tee-shirt avec des trous, deux petites tâches de sang sur son pantalon, il nous a dit qu'il était entré dans une bagarre sur la Comédie, c'est pour ça qu'il avait du sang, il nous a dit ça".

Le président Cayrol finit d'interroger Lucien, l'organisateur du réveillon.

"Il y a l'événement et l'horreur de l'événement, 185 blessures relevées sur le corps de Léa, vous en pensez-quoi ?"
"C'est... Je ne saurais pas décrire... Tout ça c'est tellement surnaturel, c'est quelque chose qu'on ne voit que dans les films, que dans les séries, c'était inconcevable que ça se passe autour de nous".

10 h 00 : Un expert toxicologue est entendu par visioconférence à propos du "speed", cette drogue à base d'amphétamine que certains participants du réveillon avaient sniffé, notamment l'accusé qui avait un taux élevé dans le sang. "L'amphétamine provoque des effets psychostimulants avec une augmentation des capacités mentales et physiques, on se sent invincible comme les effets de la cocaïne" indique-t-il.

Me Darrigade, en défense questionne l'expert : "Cette drogue peut-elle être hallucinogène ?"
"Comme toute substance stupéfiante, on peut avoir des effets hallucinatoires mais ce n'est pas systématique, ça dépend de l'individu, en général on prend du "speed" dans les rassemblements festifs pour danser de manière prolongée en réduisant la fatigue et le sommeil".

Q : "Il existe une drogue de synthèse entraînant des effets de cannibalisme, la Flakka, est-ce de la famille des amphétamines ?"
R : "Non. S'il avait pris de la flakka, il ne serait pas présent aujourd'hui, cette drogue est dévastatrice".
Q : "Cette cour juge un passage à l'acte explosif de violences, peut-il être lié à la prise de cette drogue ?" enchaîne Me Abratkiewicz, toujours en défense.
R : "Je n'ai pas de preuve scientifique" répond le spécialiste.
Q : "Celui qui a fait le rapport toxicologique explique que cette drogue et l'alcool peuvent créer des troubles du discernement ?"
R : "Je ne suis pas psychiatre".
Q : "Est-ce que l'alcool et la drogue font bon ménage ?"
R : "De manière générale non".


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