lundi 30 janvier 2017

Vol de tableaux : le procès de "l'homme-araignée" commence ce lundi

Le Pigeon aux petits pois, une huile sur toile de Pablo Picasso, L'Olivier près de l'Estaque, signé Georges Braque, La Pastorale, d'Henri Matisse, Nature morte au Chandelier, une huile de Fernand Léger et La Femme à l'éventail, d'Amedeo Modigliani : reverra-t-on un jour ces cinq œuvres du début du XXe siècle? Les trois hommes qui les ont tenues en main, après leur vol perpétré le 20 mai 2010 au musée d'Art moderne de la Ville de Paris, comparaissent ce lundi devant la 32e chambre correctionnelle du TGI de Paris. L'un d'eux affirme les avoir jetées à la poubelle…

«Sa particulière dextérité dans le vol de bijoux et d'œuvres d'art»

Six mois après ce "casse à 100 millions d'euros", c'est un "tuyau" anonyme qui mettra les enquêteurs de la BRB (Brigade de répression du banditisme) sur la piste du voleur. Un certain Tomic, dit "Tom", se serait vanté d'être l'auteur du vol.
Avec 14 c­ondamnations depuis 1994, la plupart pour vols avec effraction ou par escalade, Vjéran Tomic, un Parisien d'origine croate né en janvier 1968, est un client sérieux bien connu de la police "pour sa particulière dextérité dans le vol de bijoux et d'œuvres d'art". Un monte-en-l'air surnommé dans la presse "l'Homme-araignée" pour ses talents d'escaladeur-cambrioleur des beaux quartiers. Dans sa voiture, les policiers découvriront d'ailleurs le matériel idoine : ventouses, mousquetons, gants, baudrier, grappin, échelles, cordes…

Incroyable série de négligences

Le récit du vol du musée d'Art moderne restera sans doute dans les annales. "J'ai travaillé presque six nuits pour bien préparer mon coup", dira-t-il aux policiers, notamment pour "décaper" les vis d'une fenêtre donnant accès au musée.

«J'ai travaillé presque six nuits pour bien préparer mon coup»

Les enquêteurs ont longtemps cherché une complicité interne. En vain. Tomic a en fait bénéficié d'une incroyable série de négligences, pannes et autres défaillances dans la sécurité du musée. Aucune alarme ne retentit quand il y pénètre. Rien ne se passe quand il décroche le Fernand Léger. Vjéran Tomic n'a plus qu'à se servir : un Picasso, un Braque, un Matisse et même un Modigliani… Pour cette incroyable razzia, Tomic a empoché… 40.000 euros.
Son receleur s'appelle Jean-Michel Corvez. Cet ancien patron de société informatique de 61 ans s'est reconverti dans le commerce d'antiquités. Cela fait quelques années qu'il collabore avec Tomic. Il lui avait commandé un Fernand Léger, évoquant un client "dans les Émirats". Le 20 mai, il se retrouve avec dans le coffre de sa Porsche Cayenne… cinq tableaux de maîtres dont le vol retentissant fait la une de tous les journaux.

Des chefs-d'oeuvre à la poubelle ?

Corvez se serait alors tourné vers un de ses proches, Yonathan Birn, 39 ans, expert en horlogerie. Ce dernier lui aurait proposé de chercher des acquéreurs en Israël. Avant d'accepter de lui acheter 80.000 euros le Modigliani et de "stocker pendant quelque temps" les autres toiles dans son atelier doté d'un système d'alarme sophistiqué. La suite est difficile à croire. Devenu "paranoïaque" après sa garde à vue et dépassé par les événements, Birn affirme avoir tout simplement jeté les chefs-d'œuvre à la poubelle.
Véritable coup de panique ou tentative de bluff? Malgré d'intenses recherches, les cinq toiles n'ont jamais été retrouvées. Quant à Vjéran Tomic – qui a "reconnu les faits de façon relativement complète et possiblement sincère", notent les magistrats –, il aurait, depuis ce potentiel carnage artistique, juré de ne plus jamais voler un tableau
 

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