samedi 18 février 2017

La justice cherche une solution face à la maladie du papi-tueur

En janvier, un homme de 86 ans a tué sa voisine de chambre dans une maison de retraite, à Nailloux. Dément, cet homme a été hospitalisé d'office puis incarcéré. Sa place se trouve-t-elle en prison ?
Quelle mesure appliquer à un homme violent, dangereux au point d'avoir tué à coups de poing sa voisine de chambre mi-janvier et que les médecins estiment malade mais pas fou ? La problématique pose des questions à la justice. «L'état de cet homme, avec qui aucun contact, aucun dialogue, n'est possible, est incompatible avec une incarcération», estime Me Thomas Herin-Amabile, avocat de cet ancien champion de boxe au milieu des années cinquante, devenu un habitué des prisons entre 1958 et 1977, date de sa dernière condamnation. C'était avant que l'amour d'une femme, rencontrée lors d'une permission de sortie, ne l'écarte de la délinquance.
Seulement Jean-Louis G., 86 ans, souffre d'une dégénérescence neurologique, une démence «très évolué» selon le premier médecin qui l'a examiné dans les heures qui ont suivi le meurtre. C'était le 11 janvier, au milieu de la nuit, dans une maison de retraite de Nailloux. Il a tué à coups de poing sa voisine, Lydie, 91 ans. «L'irresponsabilité pénale est plus que probable», a prévenu hier Louis Parant, le président de la chambre de l'instruction. Les avocats de la famille de la victime en conviennent déjà. «Ce qui importe la petite-fille, le fils et la sœur de la victime, c'est que ça ne se reproduise pas, préviennent Mes Emmanuelle Franck et Alexandre Martin. Et ça n'aura pas dû se produire si la dangerosité de cet homme, qui était connue, avait été réellement prise en compte. Pour ça, nous avons quand même de nombreuses questions à poser à la maison de retraite…»

Pas fou mais dangereux

Ce sujet n'a pas été débattu hier matin. La chambre de l'instruction devait statuer sur le maintien en détention, ou la remise en liberté du suspect. Hospitalisé d'office dans les heures qui ont suivi le drame, cet homme a depuis été mis en examen pour «homicide» et placé en détention. Faute d'une autre solution réellement adaptée. «Deux médecins psychiatres ont estimé qu'il n'était pas fou, donc l'hospitalisation d'office ne pouvait être maintenue», précise le président. Cet homme souffre d'un alzheimer sévère qui a fait ressurgir sa violence. «La famille de la victime ne comprendrait pas que cet homme, dont tout le monde s'accorde à reconnaître la dangerosité, soit remis en liberté», prévient Me Martin. «Et que dirons-nous, que direz-vous si demain il tue sa femme ou une dame dans la rue ?», insiste l'avocat.
«Humainement, en tant qu'homme, en tant qu'avocat, je ne peux accepter de laisser cet homme malade en prison», conteste Me Herin-Amabile. «Le préfet ne pouvait pas faire autrement que lever l'hospitalisation d'office, prévient l'avocat général Pierre Bernard. Et il n'a jamais été dans l'idée du parquet de le placer à la maison d'arrêt de Seysses. Il se trouve à l'hôpital Marchant, dans un service pénitentiaire spécialisé. C'est le seul moyen de placement provisoire. Est-ce que ça change sa situation, s'en rend-il compte ? Objectivement, je ne le crois pas.»
Le parquet a donc demandé la confirmation du placement en détention. Faute d'une solution alternative. La chambre de l'instruction rendra sa décision lundi.
http://www.ladepeche.fr/communes/nailloux,31396.html

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