mardi 14 mars 2017

Dordogne : un kiné jugé pour avoir escroqué 400.000 euros à la Sécu

comparaissait ce lundi à Périgueux pour avoir facturé des centaines de séances fictives
Solidement appuyé à la barre du tribunal correctionnel de Périgueux, Armand Agullo tente de se montrer persuasif. Vainement. Cet ancien masseur-kinésithérapeute de 55 ans comparaissait pour des faits d’escroquerie. Il est soupçonné d’avoir facturé des prestations fictives à la Caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM), la Mutualité sociale agricole (MSA) et la Caisse nationale militaire de sécurité sociale, ou de s’être fait payer plusieurs fois le même acte de soin.
 

60 à 80 patients par jour

Malgré des explications, parfois alambiquées du prévenu, les faits sont têtus. Ils s’étaient déroulés entre janvier 2008 et mars 2011 au sein des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de Goûts-Rossignol et La Tour-Blanche, mais aussi dans trois autres maisons de retraite des Pyrénées-Atlantiques. S’étonnant des facturations démesurées, la directrice d’un des Ehpad avait porté plainte. Il faut dire que le kinésithérapeute ne faisait pas dans le détail. L’analyse de ses prétendues journées de travail tend à montrer qu’il aurait parfois soigné ses patients à la cadence infernale de 60 à 80 par jour. Absolument impossible.

« C’est une industrie »

De là à penser que des actes ont en fait été facturés mais jamais réalisés, il n’y a qu’un pas que les avocats des organismes de prestations sociales franchissent allègrement. Ainsi, en Dordogne, le prévenu se serait fait payer 1 331 séances en doublon et 2 396 autres auraient été payées mais jamais réalisées. En outre, 7 825 indemnités de déplacement indues auraient été versées. Au total, le préjudice pourrait avoisiner les 400 000 euros. « Quand on a mis au point un système pareil, c’est une industrie, c’est de l’escroquerie à grande échelle  », commente un avocat de la partie civile.
Le parquet acquiesce et fait même observer que le kiné avait l’audace de facturer des prétendus actes de soin à la Sécurité sociale, réalisés alors qu’il se trouvait en vacances aux états-Unis avec ses enfants. Il requiert une peine qui ne soit pas inférieure à quatre ans de prison, dont deux avec sursis simple, ainsi qu’une interdiction d’exercer la profession de kinésithérapeute ou une profession commerciale ou industrielle. Le prévenu, devenu chauffeur de bus, sera fixé sur son sort le 10 avril.
http://www.sudouest.fr/2017/03/14/le-kine-etait-d-abord-un-pro-de-l-escroquerie-3275522-1886.php

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