mardi 14 mars 2017

Juré aux assises : «Je me suis dit : Comment tu peux juger quelqu'un ?»

Il y a quelques semaines, les assises de l'Ariège ont eu lieu au palais de justice. Six Ariégeois ont dû devenir jurés le temps d'un procès pour homicide volontaire. Témoignage.
«Quand j'ai reçu la lettre, j'étais paniquée ! Je me suis dit : Comment tu peux juger quelqu'un ? Et alors quand j'ai vu que c'était un homicide volontaire en récidive…» Véronique (1) est une figure de la vie fuxéenne. à l'occasion des dernières assises de l'Ariège, elle est devenue jurée (lire ci-contre). Une expérience «merveilleuse» en termes d'introspection et de réflexion sur l'humain mais de laquelle elle n'est pas ressortie indemne. «Ce n'est pas comme à la télé : on est confronté au plus près à la réalité des choses. Mais rien n'est laissé au hasard.» Après son moment de panique, Véronique est pourtant happée par cette nouvelle aventure. «Au moment du tirage au sort, j'espérais entendre mon nom ! Et ne pas être récusée… à ce moment-là, je voulais aller au bout !»
Avec quelques semaines de recul, elle estime que toutes les cartes lui ont été données pour participer comme il se doit à ce temps fort de la vie judiciaire. Les consignes, conseils du président puis le «professionnalisme» des enquêteurs et autres intervenants du dossier lui ont permis «d'avancer». «On est complètement intégré dans le processus : les experts se mettent à notre portée. Je n'ai pas eu l'impression de juger car on vous met devant des faits.»

Le regard insistant de l'accusé

Un crime qui, pourtant, la hante encore. «On croit que ce n'est pas possible de voir des choses comme ça en Ariège mais si, ça arrive !» Et malgré toute la pédagogie du médecin légiste, certains détails l'ont bouleversée. «La photo du visage ensanglanté de la victime me revient parfois et on se demande par quoi un tel acte peut être téléguidé, confie-t-elle. Mais surtout, j'avais sa famille juste en face… Il y avait beaucoup d'émotion dans cette salle, c'est presque comme un spectacle hors du commun.»
Les envolées lyriques, la gestuelle des avocats pendant leurs plaidoiries l'ont en effet marquée. Pourtant, du point de vue de Véronique, «l'acteur» principal semblait plutôt endosser le rôle de spectateur. «Il avait un drôle de regard insistant qui vous obligeait à détourner les yeux. Il nous sondait et non pas l'inverse…»
http://www.ladepeche.fr/communes/foix,09122.html

Aujourd'hui encore, la voix de Véronique trahit son émotion. Mais dans le discours, la posture, pas de place aux regrets : elle a rempli sa mission.
(1) Prénom d'emprunt.

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