vendredi 10 mars 2017

Drame de la fin de vie : deux ans ferme

Jugé pour le meurtre de sa femme qui débutait Alzheimer, Rémo Cipriani, 86 ans, a écopé de 5 ans dont 3 avec sursis. Comme il a déjà fait 2 ans de détention provisoire, il est sorti dès hier soir de prison.
Derrière les barreaux depuis le 19 janvier 2015, date à laquelle il a tué Anne-Marie, Rémo Cipriani, 86 ans, est sorti hier soir de prison. Reconnu coupable du meurtre de sa femme, qui était touchée par les prémices d’Alzheimer et qu’il a étranglée avec un sac plastique dans leur maison de Gélacourt (voir nos éditions précédentes), l’ancien marchand de bonbons a vu la cour d’assises de Meurthe-et-Moselle suivre les réquisitions de l’avocat général et le condamner à 5 ans de prison dont 3 avec sursis. Et, comme il avait fait 2 ans de détention provisoire, l’octogénaire est remonté en fin d’après-midi à la prison pour procéder à la levée d’écrou et faire son baluchon.
Lors de ce dernier jour de procès, au terme de débats éclairés par la présidente Thouzeau, personne n’est venu accabler le vieillard. L’expert psychiatre qui l’avait examiné en garde à vue a évoqué un homme « diminué physiquement, un passage à l’acte qui n’était pas totalement contrôlé et maîtrisé ». « Il n’avait plus toute sa lucidité », a souligné le médecin qui a conclu à une altération du discernement. « Il n’a pas choisi de tuer sa femme ».
Avocate de la fille du couple, Me  Taillon a expliqué pourquoi sa cliente s’était constitué partie civile : « Lors de l’instruction, les raisons du passage à l’acte n’avaient pas été explicitées. Maintenant, c’est clair. Pour le moment, elle est toujours dans l’incapacité de parler à son père. Car elle en a une peur irrationnelle ».
Réquisitions brèves mais précises pour Christophe Amunzateguy, l’avocat général, qui avance « un dossier lourd, qui renvoie à nous tous. C’est la question de la fin de vie, de la déchéance de celui qu’on aime. Cet homme qui a certes tué ne savait plus quoi faire par amour. Il était acculé par la situation. Il faut tenir compte du mobile, de son âge et de sa tentative de suicide. Pour moi, il doit sortir aujourd’hui ».
« Il est rare que la défense se lève pour défendre un homme bien, un homme bon », souligne Me Sophie Ferry-Bouillon. « Ce qui rend ce procès touchant, c’est cet homme. Ce qui le rend atroce, c’est son geste. Épuisé, exsangue, enfermé avec ses problèmes dont il n’a pas pu ou su parler, Rémo Cipriani s’est retrouvé dans une logique irrationnelle. L’enchaînement a été implacable. Il a commis un acte fou, désespéré. C’est une pulsion de mort qui l’a emporté. Il voulait qu’ils se tuent. Pour lui, sa pire peine a été sa survie ».
http://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-ville/2017/03/10/drame-de-la-fin-de-vie-deux-ans-ferme

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