La Vologne traverse la vallée comme une cicatrice. Dans ces eaux froides, depuis trente-deux ans, coule le sang d'un enfant. De part et d'autre de la rivière, tout le monde se connaît, s'épie, se surveille et se tait. C'est la règle de ces trois familles, les Villemin, les Laroche et les Jacob. Face à ce mur, la justice tente une dernière opération pour résoudre cette énigme qui jalonne la vie d'une génération de Français. Une course contre la montre pour que la mort qui s'approche des derniers survivants n'emporte pas la vérité avec eux. Une course contre la montre pour qu'une mère, un temps accusée à tort de la mort de son fils, sache enfin…
Depuis des années, on amasse des choses, on sent bien qu'on est proches du but", confie un haut gradé de la gendarmerie, persuadé que "les jours qui viennent seront déterminants". D'autres auditions et opérations seraient prévues dans la Vologne. "Il y a déjà au dossier des éléments nombreux, précis, concordants, et infiniment troublants", répète Me Thierry Moser, l'avocat des parents de Grégory, qui ne souhaite pas en dire plus "sur certains de ces éléments"…Après quarante-huit heures de garde à vue, vendredi, Marcel et Jacqueline Jacob, 72 ans, ont été mis en examen pour "enlèvement et séquestration suivis de mort" par Claire Barbier, la présidente de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Dijon. Dans un délai de quatre jours, mercredi au plus tard, une formation collégiale de la cour d'appel doit valider ce mandat de dépôt. Les époux Jacob, silencieux, pourront être convoqués pour s'expliquer.
"C'est le bluff de la dernière chanceÂgés de 72 ans, ils avaient 40 ans en octobre 1984. Avec eux, l'accusation tient un mobile : celui de jalousies entremêlées. La haine de Marcel Jacob, très proche de son neveu Bernard Laroche, se serait concentrée sur Jean-Marie Villemin, avec son pavillon, son canapé en cuir, sa jolie jeune femme, et son enfant chéri de 4 ans, Grégory, somme de toutes ses haines. Face au couple Jacob, l'accusation croit aussi tenir une "preuve" : une expertise graphologique d'une lettre du corbeau, envoyée en 1983 à Jean-Marie Villemin, qui aurait été écrite par Jacqueline Jacob. Lors de sa garde à vue, elle a évoqué le droit au silence. "C'est le bluff de la dernière chance", peste l'avocat de Marcel Jacob, Me Stéphane Giuranna, persuadé que les enquêteurs font fausse route et ont "secoué le cocotier de la Vologne sans que rien n'en soit tombé"…
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