samedi 17 juin 2017

Meurtre de deux soldats charentais en Côte d’Ivoire : le procès s’ouvre 15 ans après

L’un des meurtriers présumés du brigadier-chef Fabien Rivière, tombé avec un camarade, sera traduit en justice.

Les meurtres des brigadiers-chef Rivière et caporal Dupré, militaires du 515e RT de la Braconne et du 1er RIMa d’Angoulême, le 25 août 2003 sur les berges du lac Kossou en Côte d’Ivoire, ne resteront pas impunis. Vendredi, le magistrat instructeur du tribunal de grande instance de Paris a rendu son ordonnance de mise en accusation. Le procès se tiendra en 2018 devant la cour d’assises de la Seine.
Un véritable rebondissement dans cette instruction qui aura duré quatorze ans. Voire un coup d’éclat alors même qu’un non-lieu avait été prononcé en 2014. Deux avocats de parties civiles, l’Angoumoisin Me Béthune de Moro et le Parisien Me Bréard, avaient fait appel et obtenu la réouverture de l’instruction. Elle se conclut donc par un procès.
Toute la difficulté de ce dossier prend sa source dans cette Côte d’Ivoire inflammable du début des années 2000. Le brigadier Fabien Rivière, 27 ans, originaire de Villeneuve-sur-Lot, et le marsouin Kévin Dupré, 22 ans, natif du Loiret, sont engagés dans l’opération Licorne. Les soldats français sous résolution de l’ONU doivent, en 2003, constater les atteintes à la zone dite « de confiance ». Une zone démilitarisée, tampon entre la Côte d’Ivoire du sud, acquise au régime du président Laurent Gbagbo, et celle du nord, tenue par les rebelles des Forces nouvelles.

Un mort, l’autre en fuite

En ce jour du 25 août 2003, un peloton de 24 soldats français patrouille à bord de deux barges sur le lac Kossou, d’un village de pêcheurs à l’autre. Ils mènent palabre, comme il est de coutume dans les pays africains. Soudain, le groupe tombe sur une dizaine de rebelles. Incontrôlables. Probablement drogués et alcoolisés. Ils dégainent leurs armes de guerre.
Durant de longues minutes, les échos d’une virulente harangue traversent les herbes hautes. Les militaires se préparent à se désengager. La tension est à son comble. Un rebelle la rompt le premier en tirant une rafale en direction des soldats. Une fusillade s’ensuit. Touché à la tête, le brigadier-chef Rivière, auxiliaire sanitaire, meurt sur le coup. Le caporal Dupré décède de ses blessures après son évacuation à l’antenne chirurgicale.
Le 28 août 2003, deux rebelles des Forces nouvelles sont arrêtés en possession d’un lance-roquettes et d’une mitrailleuse. Ils sont formellement identifiés par les militaires pris dans l’embuscade.
Ibrahim Koné, 23 ans, et Amani Touré, 25 ans, sont remis aux autorités ivoiriennes, inculpés pour meurtre et placés en détention. Le premier décède en 2007. L’action de la justice s’éteint. Le second s’évade en 2011 mais un mandat d’arrêt international à son encontre vient d’être délivré. Il sera jugé par défaut criminel, en 2018.

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