jeudi 14 septembre 2017

A-t-il voulu immoler son épouse ?

Un couple formé sur un site internet en 2009. Il lâche tout pour elle. Elle vient de perdre un enfant, lui est inconsolable après l’accident mortel de sa femme. Lui vient du Nord de la France. Il s’installe en Haute-Saône et tout se passe bien pendant quelques semaines. Ils font un enfant deux mois après son arrivée. Mais si l’accusé avait l’intention de refaire sa vie, il a vite été rattrapé par son passé. De séjours en prison en cures de désintoxication, l’histoire tourne court. Séparé, puis reformé, puis séparé de nouveau, le couple s’estompe. Lui est de plus en plus alcoolisé.
« Il m’a menacée de me défigurer, de me faire souffrir et de me tuer », dit l’ex-épouse à la barre. Au premier jour de son procès devant la cour d’assises de la Haute-Saône et du Territoire de Belfort, l’accusé, lui, se tasse sur son siège dans le box. Petit homme émacié, il parle très clairement, d’une façon extrêmement précise et nette pour les dates et chacun des événements.
« J’ai voulu aller le voir pour ne pas qu’il fasse de mal à mes enfants »
Le 28 septembre 2014, l’histoire d’amour est définitivement morte. L’épouse n’a plus de nouvelles de son mari depuis trois mois. Elle refuse désormais de lui confier l’enfant âgé de 4 ans chaque week-end puisqu’il s’est alcoolisé en sa présence. Il est à la dérive, elle dit qu’elle en a peur. Un cousin appelle la jeune femme pour lui annoncer qu’il a vu le « Manouche », comme on le surnommait dans la famille, à un abribus tout près du village où elle habite.
« J’ai voulu aller le voir pour ne pas qu’il fasse de mal à mes enfants », raconte l’épouse. Elle s’arrête en voiture à hauteur de l’arrêt de bus. Elle l’interpelle. Il lui répond : « On se connaît ? ». « Il s’est tourné pour fouiller dans ses sacs », raconte alors l’épouse. « J’ai cru qu’il voulait prendre une cigarette. Il a pris une bouteille et il m’a aspergée d’essence. J’ai enclenché une vitesse et j’ai démarré. J’ai vu qu’il fouillait dans sa poche dans le rétroviseur. J’ai appelé les gendarmes ».
Interrogée par Jérôme Pichoff, l‘avocat de la défense, la jeune femme finit par hausser le ton : « C’est une tentative de meurtre qui a été préméditée ! »
Et c’est bien toute la question de ce procès. Il n’y a aucune notion de préméditation dans les faits. Les débats porteront sur celle de commencement d’exécution de la tentative de meurtre. La défense, elle, s’emploie immédiatement à fragiliser l’édifice de l’accusation. Le luxe de précautions prises par le président Yves Plantier au moment de l’énoncé de mise en accusation pourrait en témoigner. Il a recommandé aux jurés de prendre des distances avec la décision de renvoyer l’accusé en cour d’assises « qui émane seulement du juge d’instruction ». Criminels ou non, les faits sont quand même là.
L’accusé lui-même a pris les magistrats au dépourvu en énonçant très rapidement qu’il reconnaissait avoir projeté de l’essence sur celle qui était encore légalement sa femme en 2014. Pendant toute l’instruction, il l’avait accusée de s’être elle-même déversé de l’hydrocarbure sur le corps

  • Edition de Vesoul Haute
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