mardi 5 septembre 2017

Une mère et son fils devant la justice : jugés pour avoir financé le terrorisme

Une mère de famille domiciliée à Lingolsheim doit être jugée aujourd’hui à Paris aux côtés de son cadet pour financement du terrorisme. Ils avaient fait parvenir de l’argent à Abbes Bounaga, leur fils et frère, parti faire le djihad en Syrie.

Nathalie Haddadi, 42 ans, devrait être jugée aujourd’hui à Paris, devant la 16e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance, après avoir envoyé de l’argent à son fils aîné parti faire le djihad en Syrie, ont révélé hier Le Parisien et France Télévisions.
La quadragénaire aurait fait parvenir environ 2 500 euros au jeune homme. Elle comparaîtra aux côtés de deux autres prévenus poursuivis pour des faits identiques : un ami de son fils mais aussi le deuxième fils de la famille, qui aurait envoyé à son frère entre 400 et 500 euros par mandats-cash.
De nationalité franco-algérienne, Abbes Bounaga a quitté le domicile familial de Lingolsheim fin 2015. Après des passages en Malaisie, aux Émirats Arabes Unis, en Iran et en Turquie, il serait entré en Syrie vers juin 2016. Il y est mort en août de la même année.
Des dates cruciales pour l’un des avocats de la défense. Me Mathieu Juglar, qui conseille le frère d’Abbes Bounaga, situe aux mois de « février à mai » 2016 les envois de mandats-cash reprochés.

« Jamais aucun parent n’a été poursuivi pour ce motif »

Soit avant son entrée en zone irako-syrienne. « Il n’a jamais reçu d’argent quand il était en Syrie, C’est là qu’il y a un problème dans ce dossier », expose l’avocat parisien, qui ajoute que le jeune djihadiste « n’a jamais dit à sa famille qu’il allait en Syrie ».
« C’est une première, jamais aucun parent n’a été poursuivi pour ce motif. Il y a un problème de droit considérable dans ce dossier, dénonce pour sa part Me Hervé Denis, avocat de la mère de famille. Les poursuites se basent sur un texte de 2001 très général, destiné à lutter contre tout groupement qui finance le terrorisme. En ne faisant pas de distinction entre l’envoi d’argent à titre familial et le financement du terrorisme, on utilise ce texte de façon indigne. C’est comme si la justice se mettait à renvoyer devant le tribunal les parents de toxicomanes qui leur ont donné de l’argent de poche au motif qu’ils financent le trafic de stupéfiants. »
Pour l’avocat parisien, « c’est une mère qui a cherché par tous les moyens à sauver son enfant radicalisé en prison en 2014. En 2015, lorsqu’elle a vu que son fils n’arrêtait pas de faire des bêtises, elle a préféré l’envoyer en Algérie chez son père qui était susceptible de lui remettre la tête à l’endroit. »
Le jeune homme, qui était alors sous le coup d’une interdiction de sortie du territoire, y a passé plusieurs mois avant de débuter son périple qui le mènera jusqu’à sa mort en Syrie.
À quelques heures de son procès au côté de son fils, Nathalie Haddadi se dit « en colère » contre la justice. Elle qui a passé quatre jours en garde à vue dans ce dossier, au mois de juin, espère que cette audience « permettra de changer les mentalités. Il faut comprendre que les parents de djihadistes sont aussi victimes. Nos enfants sont morts dans des circonstances terribles, et on nous le fait payer une seconde fois. »
Véronique Roy, qui a tiré un livre de la mort de son fils Quentin parti lui aussi en Syrie, doit venir témoigner aujourd’hui en faveur de la mère de famille alsacienne.
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