Elle voudrait se constituer partie civile dans l'enquête sur le meurtre du garçonnet.
Tous les ingrédients semblent désormais réunis pour que l'âpre bataille qui a longtemps opposé le clan Villemin à la famille Laroche reprenne de plus belle. Lundi, lors d'une conférence de presse organisée pour la sortie de son livre (*), Marie-Ange Laroche a annoncé son intention de se constituer partie civile dans l'enquête sur le meurtre du petit Grégory. Ce faisant, la veuve de Bernard Laroche affirme vouloir concourir à la manifestation de la vérité. «Je souhaite surtout qu'après toutes ces années de calvaire, son innocence soit enfin reconnue, précise-t-elle, la voix lasse mais résolue. Durant ces vingt-cinq années, il y a eu trop de mensonges et il est temps qu'on arrête d'instruire sur le dos de mon mari.»
Inattendue, cette démarche sonne comme l'amorce d'une contre-attaque alors que l'enquête, rouverte en décembre 2008, semble enfin s'appuyer sur des éléments nouveaux. Dans un rapport remis il y a une dizaine de jours au juge Pontonnier, les experts du laboratoire Biomnis estiment en effet que plusieurs mélanges d'ADN, détectés à la fois sur la cordelette qui a servi à entraver l'enfant et sur une lettre rédigée par le «corbeau» quelques mois avant le meurtre, ouvrent la voie à des investigations complémentaires.
À court terme, le magistrat pourrait notamment ordonner la comparaison de ces fragments d'empreintes génétiques avec le profil de Bernard Laroche qui, un temps inculpé du meurtre de l'enfant, fut finalement libéré avant d'être abattu par Jean-Marie Villemin le 29 mars 1985.
Sentant de nouveau poindre le soupçon qui, depuis vingt-cinq ans, n'a jamais vraiment cessé de viser son époux, Marie-Ange Laroche nourrit aujourd'hui le souhait de prendre part à la nouvelle instruction. Dans ce but, son avocat a adressé lundi aux magistrats dijonnais une demande de constitution de partie civile. Pour la justifier, Me Gérard Welzer invoque le lien de parenté indirect qui unissait jadis Laroche, cousin de Jean-Marie-Villemin, à l'enfant. Par ailleurs, il rappelle : «L'assassinat de Bernard Laroche est lié à un point tel à la mort de Grégory Villemin que les deux dossiers pénaux ont été joints par le ministère public lors du procès de Jean-Marie Villemin devant la cour d'assises de Dijon» [en 1993].
La démarche, dont l'issue procédurale paraît hautement incertaine, constitue à tout le moins une pierre jetée dans le jardin des époux Villemin qui, il y a un an et demi, ont demandé la réouverture du dossier. Dans son courrier, Me Welzer demande d'ailleurs explicitement que les bandes sonores sur lesquelles la voix du corbeau a été enregistrée fassent l'objet d'une nouvelle expertise. Or, certains de ces enregistrements ont un temps été utilisés à charge contre Christine Villemin dans la mesure où une partie des experts a cru déceler une voix de femme derrière celle du corbeau.
Murés dans le silence, les parents du petit Grégory n'ont pour l'heure pas réagi à l'initiative de Marie-Ange Laroche. Ces derniers jours, leur avocat s'est borné à dénoncer les «gesticulations» de Me Welzer, non sans rappeler que la veuve de Bernard Laroche n'a, a priori, «pas qualité pour se constituer partie civile».
(*) Les Larmes oubliées de la Vologne, éditions de l'Archipel
Le Figaro
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