dimanche 14 mai 1989, vers 17 heures, la gendarmerie de Rennes est alertée après la découverte du cadavre d'une femme poignardée sur une plage du Relecq-Kerhuon (Finistère). La victime s'appelle Aline Peres.
C'est une infirmière de 49 ans, mère de famille. Elle profitait seule du beau temps sur ce coin de plage plutôt isolé.
D'après des témoins, la victime était encore en vie à 17 heures puisqu'elle a discuté avec un jeune homme.
Cinq minutes plus tard son corps était retrouvé par des promeneurs.
Autant dire que le meurtrier était particulièrement déterminé à tuer. Jean-François Abgrall
le gendarme de permanence de la section de recherche de Rennes, fait les premières constatations.
Il fait inspecter les squats,/relève les numéros de voiture stationnés près de la zone du crime
alerte les hopitaux au cas ou le tueur serait blessé.
retrouve le jeune homme de la plage.
Grace a la photo d'un vacancier ,il a lieu du crime en visuel et a la place des différents témoins
ll auditionne grâce à l'appel à témoins ,"'homme au transistor"
qui se trouvait à 10 mètres de la victime
mais celui-ci n'a rien entendu à cause du son de la radio..
Compte tenue de la vie sans histoire d'Aline Perez,
les enquêteurs privilégient plutôt la thèse d'un crime de rodeur.
C'est ainsi qu'ils identifient un groupe de SDF
qui a l'habitude de ce retrouver aux abords de la plage pour boire de l'alcool.
Selon un témoin, deux hommes mal habillés observaient la victime depuis la route qui surplombe le lieu du crime.
Comme un centre Emmäus se trouve à quelques centaines de mètres de là,
le gendarme Abgrall décide de rencontrer le responsable.
La plupart des pensionnaires a quitté la ville dès l'annonce de la découverte du crime,
mais Jean-François Abgrall obtient tout même la liste des personnes présentes au foyer aux alentours du 14 mai
et la diffuse à toutes les gendarmeries de France.
Il note même celui qui etait parti du foyer un peu avant le meurtre
Six semaines se passent lorsqu'un coup de fil provenant d'une gendarmerie de la Manche annonce à l'enquêteur qu'un des SDF mentionné dans la liste a été arrêté pour avoir voyagé sans billet de train. Il s'appelle Francis Heaulme
Battu par son père alcoolique, il devient lui-même alcoolique et tente de se suicider.Parfois il rentre de l'école et personne n'est présent pour s'occuper de lui. Il fut surnommé un temps « Félix le chat » car il mangeait ce qu'il trouvait. Cependant, il a une bonne relation avec sa sœur cadette et voue une adoration sans borne à sa mère, qui meurt d'un cancer, alors qu'il a 23 ans. Sa vague de crimes commence après la mort de celle-ci.
Livré à lui-même, il a la vie d'un marginal, sillonnant la France à pied, en stop et en train, séjournant dans des refuges Emmaüs et des institutions psychiatriques de désintoxication. Il dépense son revenu minimum à boire, mélangeant parfois alcools et tranquillisants. Il trouve occasionnellement des petits boulots de ferrailleur ou de maçon.
En 1989 il devient Compagnon d'Emmaüs, successivement dans trois communautés de France (Brest, Quimperlé, puis Metz).
Abgrall se rend sur place et commence à interroger le marginal. Ce dernier semble sur ses gardes et a par moments des propos incohérents. Mais à un instant de la conversation il explique au gendarme qu'il connait un mode opératoire pour maîtriser une sentinelle qu'il a appris pendant son service militaire.
Or ce geste correspond en tous points aux constatations faites sur le corps d'Aline Perez. La coïncidence est plus que troublante mais Heaulme à un alibi. Le dimanche 14 mai il était hospitalisé à 80 kms de là après un malaise cardiaque
Evidemment Abgrall appelle l'hôpital de Quimper pour vérifier, et effectivement un relevé de température daté du 14 mai à 17 heures atteste qu'il était bien là ce dimanche. Malgré ses soupçons, le gendarme est obligé de relâcher Heaulme au terme de sa garde à vue. Le voilà à nouveau dans la nature.
Quelques jours plus tard, Jean-François Abgrall se déplace tout de même à l'hôpital de Quimper où il apprend qu'un malade peut très bien laisser son thermomètre sur la table et être absent de sa chambre au moment du relevé de température. Encore plus troublant, des femmes de ménage lui apprennent que le lendemain du meurtre elles ont trouvé du sable sous son lit.
Par chance, le 19 novembre 1989, Heaulme se présente dans une gendarmerie de Meurthe-et-Moselle pour déclarer la perte de ses papiers. Comme son signalement a été diffusé dans toute la France, les militaires font tout de suite la relation et s'empressent d'avertir la section de recherche de Rennes.
A nouveau face à son suspect, Abgrall, malgré ses certitudes, n'a pas vraiment d'éléments matériels pour confondre le meurtrier d'Aline Peres. La mort dans l'âme il est donc obligé de le laisser partir une seconde fois. Mais en quittant la gendarmerie, Heaulme lui lance cette phrase troublante: "Je sais que tu sais", comme en signe de défi.
Grace au temoignage d'un autre emmaus de la liste, Abgrall met un nom sur
le compagnon de heaulme le jour du crime, un certain "le gaulois" .l'homme à l'anorak bleu.
C'est ainsi que durant deux longues années, Jean-François Abgrall va occuper la majeure partie de son temps à rassembler des preuves contre son suspect N°1. Il sera récompensé de ses efforts le 26 décembre 1991. Ce jour-là, "le gaulois", un SDF pensionnaire du centre Emmäus de Relecq-Kerhuon au moment du meurtre, avoue qu'il a été témoin de la scène
et que c'est bien Francis Heaulme qui a tué l'infirmière sur la plage.
Il se serait tu jusque-là pour éviter les ennuis.
Le 7 janvier 1992, Heaulme est enfin arrêté en Alsace à Bischwiller et face au gendarme Abgrall il passe aux aveux. Sur un schéma, il décrit les lieux et la position des différents protagonistes et donne des détails sur la manière dont il a tué Aline, notamment sur l'arme utilisée.
Mais après plusieurs jours d'interrogatoires, les enquêteurs ont la sensation que Francis Heaulme n'est pas un tueur comme les autres et qu'il pourrait très bien être passé à l'acte avant ou après le meurtre de Relecq-Kerhuon.
Ils décident donc de retracer le parcours de celui que l'on appelera plus tard "le routard du crime" durant les années précédentes.
Pour cela ils s'aident de fichiers de personnes verbalisées par la SNCF, de registres d'hôpitaux et de centres sociaux, de rapports de police ou de gendarmerie, et découvrent que
leur suspect a visité plus de 80 départements français en quelques années. A force de travail, ils vont ainsi isoler 44 affaires de meurtres non-élucidées dans lesquelles Francis Heaulme pourraient être impliqué.
Francis Heaulme raconte avec une incroyable précision des scènes de meurtre, mais en disant se les être fait raconter, les avoir vu en songe, sans dire qu'il y a participé. Par exemple, il mime la façon de tuer une sentinelle en lui tenant fermement la tête en arrière d'une main et en lui tranchant la carotide de l'autre, ou les dessine, puis se rétracte. Selon Abgrall, « Il ne ment pas. Il n'invente jamais rien. Mais il embrouille volontairement les pistes en mélangeant les crimes, les dates et les lieux. » (1) Émission Faites entrer l'accusé, juin 2009
Heaulme fut condamné à vingt ans de réclusion criminelle pour ce meurtre,
L'ADN a été utilisé en 1987 pour la première fois en GB.Elle n'a pas été utilisé
dans cette affaire en 1989.
Les condamnations
En mai 1997, pour plusieurs meurtres, la cour d’assises du Var l'a condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec 22 ans de période de sûreté
.En 1999, la cour d’assises de la Meurthe-et-Moselle condamne Francis Heaulme à 30 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de Lyonelle Gineste, 17 ans,
en 1984. Son complice, José Molins (dénoncé par Francis Heaulme en 1996) fut condamné à 10 ans de réclusion criminelle pour complicité de meurtre.
Le 16 décembre 2004, il est de plus condamné à une peine de 30 ans de réclusion criminelle, assortie d'une période de sûreté de 20 ans, pour trois meurtres commis dans la région de la Marne en 1988 et 1989.
Le Post
1 commentaire:
quand on croise un individu semblable, quel malheur !
Heureusement, il ne peut plus faire de mal, et pour toujours, j'espère.
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