samedi 1 mai 2010

Luc Tangorre ou l'affaire du violeur des quartiers sud de Marseille

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En avril 1981 Sylviane une femme de 31 ans rentre chez elle à 2 h du matin dans le 8e arrondissement de Marseille; au moment d'ouvrir la porte de son appartement elle aperçoit un homme étrange s'approcher d'elle qui la menace d'une arme et l'oblige à aller jusqu'à la voiture de la jeune femme. Sous la menace de l'arme Sylviane prend sa voiture et se dirige dans les rues de Marseille avec son ravisseur puis s'arrête dans un chemin à la demande de ce dernier. Là le ravisseur la viole puis au bout de plusieurs minutes tous deux repartent et Sylviane rentre chez elle.

Le lendemain Sylviane vient déposer plainte à la gendarmerie de Marseille pour viol et dresse un portrait robot de son violeur (âgé de 20-25 ans, portant des tennis blanches et un blouson de couleur sombre) et apprend dans le même temps qu'elle n'est pas la seule à avoir déposé plainte : en effet entre fin 1979 et avril 1981 9 autres jeunes femmes sont venues porter plainte pour agressions sexuelles ou pour viols (ces agressions étant commises dans les 8è et 9è arrondissements de Marseille).

Le soir même une autre agression a lieu à Marseille, idem une semaine plus tard.

Les policiers décident d'aller entre 23 h et 2 h dans les 8è et 9è arrondissements de Marseille pour enquêter sur ces agressions et le 12 avril 1981 ils repèrent un homme au comportement suspect correspondant au portrait robot de Sylviane. Ils décident de l'interpeller pour un simple contrôle d'identité : l'individu s'appelle Luc Tangorre, a 22 ans, est étudiant en sport, possède une 2CV et déclare attendre un ami. Les policiers le fouillent et trouvent sur Luc Tangorre un couteau de cuisine. Les policiers l'emmènent de suite au commissariat où il est interrogé. Luc Tangorre passe la nuit au commissariat et le lendemain matin Sylviane vient au poste de police pour identifier Luc Tangorre. Derrière une glace sans tain parmi les principales personnes qu'on lui présente Sylviane reconnait Luc Tangorre comme la personne qui l'a violé : elle en est certaine. Les autres femmes agressées viennent aussi au commissariat et toutes reconnaissent formellement Luc Tangorre comme étant leur agresseur mais Luc Tangorre nie tout en bloc : d'ailleurs il déclare que parmi la liste de suspects il était le seul à être âgé entre 20 et 25 ans, qu'il était le seul à porter des tennis blanches et le seul à mesurer plus d'1 m70. Pour lui on a fabriqué un coupable.

De plus les policiers se rendent chez Luc Tangorre et y découvrent une arme factice recouverte de terre séchée ainsi qu'un blouson sombre couleur kaki portant de mystérieuses tâches. Les policiers font de suite analyser ces tâches et se rendent sur les lieux de l'agression de Sylviane pour prélever des morceaux de terre afin de les comparer à celle retrouvée sur l'arme de Tangorre.

Quelques semaines plus tard les experts confirment que la terre sur l'arme de Luc Tangorre est la même que celle retrouvée sur les lieux de l'agression de Sylviane (cette terre est recouverte de baryum); par ailleurs les tâches sur le blouson de Tangorre s'avèrent être de la vaseline et l'une des victimes déclare que le violeur avait utilisé de la vaseline pour la violer.

Suite aux identifications des femmes agressées et aux preuves découvertes chez Luc Tangorre, celui-ci est déféré devant un juge d'instruction puis écroué. Quand les amis et la famille de Luc Tangorre apprennent ce qui arrive à Luc personne n'y croit : tout le monde le décrit comme quelqu'un de simple, gentil et attentionné, pour eux il ne peut pas être un violeur. Rapidement suite à l'incarcération de Luc Tangorre un comité de soutien se met en place pour aider à sa libération et crier à l'erreur judiciaire. L'affaire devient si médiatisée que même des intellectuels se mettent à défendre Luc Tangorre dont l'historien Pierre Vidal-Naquet. Malgré l'important comité de soutien à Luc Tangorre ce dernier commence une grève de la faim en mai 1983.
Quelques jours plus tard le procès de Luc Tangorre s'ouvre devant la Cour d'Assises d'Aix en Provence. Ce dernier ainsi que ses amis et sa famille croient dur comme fer à l'acquittement. En outre Luc Tangorre impressionne le juge, les jurés et même l'avocat de la partie civile par sa crédibilité et sa profonde conviction. Certains se doutent même de sa culpabilité malgré les preuves accumulées (les traces de vaseline et l'arme factice recouverte de terre).

Puis Sylviane ainsi que les autres jeunes femmes agressées viennent témoigner de leur calvaire et réaffirment que c'est Luc Tangorre qui les a violées. Le témoignage pèse lourd mais Luc Tangorre se défend en déclarant notamment que le soir de l'agression de Sylviane il était hospitalisé; d'ailleurs le personnel hospitalier se souvient de Tangorre et selon le registre de l'hôpital il ne serait pas sorti de la soirée. De même Luc Tangorre affirme qu'il était chez des amis le soir de plusieurs autres agressions mais les policiers n'ont pas pris la peine d'aller vérifier ces alibis. Le verdict du procès de Luc Tangorre tombe quelques jours plus tard : Luc Tangorre est condamné à 15 ans de réclusion criminelle; ce dernier ainsi que tout son entourage crient au scandale de l'erreur judiciaire.
La Suite demain

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