La cour d'appel de Paris a examiné, lundi, une affaire d'«esclavage domestique»...
Mains sur le visage, Rose est entrée en catimini, hier, dans la 6e chambre de la cour d'appel du Palais de justice de Paris. Depuis octobre dernier, date de son procès en première instance, elle fuit les caméras et les objectifs des photographes, de peur d'être reconnue. D'ailleurs, «Rose» est un nom d'emprunt. Peu avant l'audience, 20 Minutes l'a retrouvée en compagnie de son avocate derrière le tribunal, place Dauphine (1er). Elle est revenue, tremblante et pudique, sur ces derniers mois de galère pour assumer son statut de victime.
300.000 euros de dommages et intérêts
Pour elle, les interviews, c'est une répétition avant de parler devant les juges. Elle utilise les mêmes mots lorsqu'elle raconte son calvaire. Pendant neuf longues années, entre 1997 et 2006, elle dit avoir été considérée comme une «esclave» par sa famille d'adoption. Née au Mali, Rose est amenée dans l'hexagone à l'âge de 11 ans par Aïssata S., une franco malienne, employée de mairie. «Je ne savais même pas ce qu'était la France», glisse-t-elle.
A l'époque, la fillette fait à manger aux parents et aux quatre enfants. Ainsi que les tâches domestiques: vaisselle, repassage, nettoyage de la voiture du mari, taxi de nuit… Un «cas d'esclavage domestique évident», juge son avocate, Me Anick Fougeroux, qui évaluera les dommages et intérêts à plus de 300.000 euros.
Aidée par SOS Esclave, elle est d'abord réticente à lancer une action en justice. «Je culpabilisais. maintenant, je suis persuadée que ces efforts vont aider les autres victimes à s'en sortir», confie-t-elle. La semaine dernière, la jeune femme a passé un CAP. «J'aime le français», lance-t-elle, fièrement. Une langue qu'elle a apprise en regardant la télévision, lors de ses rares moments de répits dans le pavillon familial de Bondy.
La confrontation, devant les juges, avec M. et Mme S. est tendue. La jeune femme s'emporte, et montre des signes de rancœurs. Elle abhorre les invités des parents, la plupart des Maliens, qui ont fermé les yeux sur sa situation. «Ces gens, je ne veux plus les voir. Ils m'ont coupé de mes origines et de ce que je suis». Rose, déracinée, tente désormais de reprendre goût à la vie. Depuis quelques mois, elle est en stage chez un fleuriste. Mais elle prend garde à ce que personne ne connaisse son histoire. «Avec le temps, peut-être, j'en parlerai à mes amis.»
http://www.20minutes.fr/article/576205/Paris-Second-proces-pour-Rose-l-enfant-esclave.php
1 commentaire:
Qui sait combien il y a de nouveaux esclaves derrière les belles façades hausmaniennes ?
Pour une esclave qui arrive à s'évader, combien seront exploités ?
miragen
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