mercredi 29 septembre 2010

Affaire Bissonnet : le vicomte d'Harcourt sous le feu des questions

"Un aventurier, un peu fantasque". En quelques mots, l'avocat d'Amaury d'Harcourt a résumé la personnalité et la vie de son client qui ont été passées au crible mardi, par la Cour d'assises de l'Hérault qui le juge pour complicité dans l'assassinat de Bernadette Bissonnet.


A 85 ans, le vicomte, descendant d'une famille remontant au IXe siècle -il n'en reste plus que trois de ce genre en France- reconnaît à nouveau, d'emblée, sa participation au meurtre. Devant les enquêteurs, il avait reconnu avoir fait disparaître l'arme du crime et désigné le mari de la victime, Jean-Michel Bissonnet, comme son instigateur. Une affirmation qui corrobore les accusations du meurtrier présumé, le jardinier du couple Bissonnet, Meziane Belkacem, qui a affirmé avoir agi pour le compte de son patron contre 30.000 euros.


"Par amitié"


Pendant toute la matinée, d'abord debout à la barre puis assis, le vicomte va raconter sa vie, sur laquelle reviendront une psychologue et une enquêtrice de personnalité. Né dans l'Yonne, il s'engage dans la Résistance, puis dans l'armée, part ensuite en Afrique où il a "fait à peu près tous les métiers" : chauffeur de camions, chercheur d'or, représentant en pastis, fondateur d'une briquetterie puis d'une maison de disques... Sourires dans l'assistance. Après l'indépendance de l'Algérie, il revient en France, crée un élevage de sangliers. Puis un parc d'animaux, avec des loups, des ours, des lynx... Il vivra aussi à New York, se mariera à trois reprises, aura une fille...


Malgré quelques problèmes auditifs, l'octogénaire supporte le feu des questions. Et se montre formel au sujet de ses relations avec le jardinier. "Je l'ai peut-être croisé" (chez les Bissonnet, ndlr). Mais "la seule fois que je lui ai parlé, c'est le 11" mars 2008, jour du meurtre. Une déclaration qui met à mal un scenario du meurtre, avancé par la défense de Bissonnet, n'impliquant que les seuls Belkacem et d'Harcourt. D'Harcourt, lui, a agi "par amitié" pour Bissonnet qu'il a rencontré en 1965 et avec lequel il est lié par une passion, la chasse. "J'aurais aimé avoir un fils comme Jean-Michel Bissonnet", dit M. d'Harcourt.


"J'étais anéanti"


"J'ai rendu service à un ami", a-t-il confié quatre mois après le meurtre à l'enquêtrice de personnalité. Celle-ci rapporte à la Cour que d'Harcourt s'est dit "hanté par cette histoire", lui confiant, eu égard à ses "ancêtres", son besoin de "dire la vérité" : la volonté de Bissonnet, "depuis quatre ans", de faire disparaître sa femme, le maniement de l'arme par les trois co-accusés l'après-midi du meurtre, son retour le soir dans la demeure cossue des Bissonnet pour récupérer l'arme. Là, il a vu Belkacem blessé, s'est dit c'est mal parti, et a cru que le jardinier "avait raté Mme Bissonnet". "Le lendemain, a-t-il confié à l'enquêtrice, Bissonnet m'a annoncé la mort de sa femme, j'étais anéanti".


Portant encore beau pour son âge, d'Harcourt n'en possède pas moins des zones d'ombre. Et il n'attire pas toujours des commentaires élogieux : son neveu le décrit comme un "irresponsable sympathique", qui a toujours été "farfelu". Quant à sa première épouse, elle dit qu'elle n'a été, aux yeux de cet amateur de femmes qu'elle juge "inconséquent, immature", qu'un "trophée de chasse". Le journée de mercredi concernera la personnalité du jardinier.
http://lci.tf1.fr/france/justice/2010-09/affaire-bissonnet-le-vicomte-d-harcourt-sous-le-feu-des-questions-6081253.html

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