vendredi 3 septembre 2010

Affaire Modolo: parmi les accusés, deux parcours a priori privilégiés

La cour d'assises d'Aix-en-Provence a commencé vendredi l'examen des personnalités des accusés de l'affaire William Modolo, torturé et assassiné en mai 2006, en commençant par Barbara Jean-Louis et Arnaud Frapech, aux deux parcours a priori privilégiés.

Dans le box, à leurs côtés, Jean-Pierre Planqueel, 31 ans, Aurélie Piteux, 24 ans, et Franck Julien, 39 ans, étaient des habitués des squats, de la vie à la marge des sans domicile fixe.

Au moment des faits, Barbara Jean-Louis, 28 ans, issue d'une famille de la classe moyenne était aide-maternelle dans une école de Gardanne (Bouches-du-Rhône), Arnaud Frapech est le fils d'un avocat niçois.

La rencontre entre les deux groupes d'accusés était improbable et pourtant, tous ensemble, ils ont, d'après l'accusation, été impliqués dans des actes de torture et de barbarie qui ont conduit à la mort de William Modolo, 21 ans, le 18 mai 2006.

Au moment où elle a rencontré Planqueel, Barbara Jean-Louis a raconté qu'elle vivait une période difficile. Elle venait de se séparer de son ami de l'époque, Stéphan Pena, handicapé par une maladie génétique. Elle avait également subi un avortement très difficile.

"C'était une période où Barbara n'était pas stable", a dit à la barre son frère aîné, Nicolas, stewart de 38 ans. "Elle se cherchait", a-t-il ajouté, précisant: "Elle était moins présente, je la sentais s'éloigner".

Pour sa soeur, Emilie, 25 ans, auxiliaire de puériculture, Barbara avait "l'impression d'être le vilain petit canard de la famille".

Peu avant les faits, elle d'habitude "joviale" était devenue "moins souriante, très distante".

Sa famille acceptait mal sa relation avec Planqueel, le "routard" qu'elle avait pris "en pitié, au début". Barbara affirme qu'elle était amoureuse de lui et ne pouvait "pas partir du camp", comme si elle était sous son emprise.

Le parcours de Frapech présente certaines similitudes. Parents divorcés, sentiment d'être mal aimé, de ne pas trouver sa place, recherche d'affection...

Le jeune homme de 29 ans est le fils d'un avocat niçois, divorcé de son épouse alors que l'accusé était à peine âgé de quatre ans.

"Pendant mes 29 ans sur terre, ils se sont renvoyé la balle", affirme l'accusé qui dit également: "j'ai poussé un peu tout seul et j'ai poussé de travers".

Ni son père, ni sa mère ne sont présents à l'audience.

Le frère et un ami de Frapech père sont venus expliquer que celui-ci était très exigeant avec son fils. "Arnaud n'arrivait pas à donner ce qu'attendait son père", a dit Christian Beder, chef d'entreprise, ajoutant: "la déception était là".

Arnaud, financièrement aidé - il dispose d'un studio et d'une voiture payés par ses proches - s'essaie un peu à tout: les métiers de la restauration grâce à son beau-père, une formation de disc-jockey que lui finance sa mère, puis l'immobilier, mais très vite, il abandonne.

"On a l'impression que beaucoup de gens vous donnent des chances", dit le président de la cour d'assises. "Je n'ai pas su en attraper beaucoup", répond l'accusé. A partir de l'âge de 13 ans, il a commencé à prendre de la drogue, "sa passion". Cannabis puis ecstasy, héroïne ou cocaïne...

Depuis le début du procès, Frapech se vit comme la victime d'événements qui le dépassent... autant quand il évoque les faits que lorsqu'il analyse son CV. C'est la faute, dit-il, des "erreurs que j'ai subies".

"C'est tout vous, ça, M. Frapech. Et les erreurs que vous avez faites ?", lui rétorque le président.

"Il faudrait arriver à vous dire que ce qui vous arrive, vous en êtes aussi responsable", conclut-il.

L'analyse des personnalités doit se poursuivre lundi.

Le verdict est attendu le 10 septembre.
http://www.lepoint.fr/societe/affaire-modolo-parmi-les-accuses-deux-parcours-a-priori-privilegies-03-09-2010-1232200_23.php

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