lundi 27 septembre 2010

Patrick Chabert condamné à 20 ans de prison pour le meurtre de sa femme

Un meurtre sans victime. Nadine Chabert, 34 ans, a disparu le 10 juin 2003 et n'a plus jamais donné signe de vie. Son mari, Patrick Chabert, jugé de mercredi à vendredi dernier par la cour d'assises des Bouches-du-Rhône, à Aix-en-Provence, pour assassinat, a été condamné à 20 ans de réclusion et incarcéré à la maison d'arrêt de Luynes. La préméditation n'a finalement pas été retenue. Quelques instants plus tôt, l'avocate générale avait requis cette peine déclarant « Patrick Chabert est la personne qui a tué Nadine Chabert ».


Pour l'accusation, ce conducteur de travaux de 46 ans a supprimé sa femme car il n'acceptait pas le divorce. Le jour de la disparition de Nadine, le couple devait se rendre à un rendez-vous chez un juge aux affaires familiales pour une audience de non-conciliation qui devait concrétiser cette séparation. Il ne s'y était jamais présenté.


A l'énoncé du verdict, Émilie, 19 ans, la fille de l'accusé, s'est effondrée en hurlant « vous m'avez pris mon père ! ». Quelques minutes plus tôt, elle intimait la cour de ne « pas lui enlever son père pour un acte qu'il n'a pas commis ». Une tristesse mêlée à la colère, partagée par les proches de Patrick Chabert, convaincus de son innocence. « C'est incompréhensible. Le dossier est vide, il existe des doutes sur tout », a déclaré Me Jean-Louis Keita, le conseil de l'accusé qui fera appel de cette condamnation « demain (lundi), à la première heure ».


« Ma mère avait beaucoup changé »
Patrick Chabert, mis en examen, en juin 2004, pour homicide volontaire avec préméditation avait été placé sous contrôle judiciaire. Il comparaissait donc libre. A son arrivée au palais de justice, mercredi dernier, il s'était montré serein et confiant, au côté de sa fille, Émilie et sa belle-mère, Hélène Santero, parties civiles dans ce procès. Une situation rare.


A la barre, la mère de Nadine Chabert et sa fille, ont évoqué le « changement » d'attitude de celle-ci, deux ou trois ans avant sa disparition. «Je n'arrive pas à donner d'explication aux faits... Ma mère avait beaucoup changé. Elle s'occupait moins de moi», a déclaré Émilie, jeune étudiante en arts graphiques, d'une voix calme. Plus tard, elle confiait : « je souffrais beaucoup car j'avais l'impression que ma mère me délaissait ». Hélène Santero, la mère de Nadine, 74 ans, prétendait que sa fille avait, selon elle, été « manœuvrée mentalement » et aurait donc pu partir volontairement.


« On ne quitte pas Monsieur Chabert »
Une éventualité battue en brèche par les collègues de travail de Nadine Chabert. Plusieurs d'entre elles ont dressé le portait d'une femme « dynamique et souriante » qui quelque temps avant sa disparition, semblait « fatiguée, à bout de forces ».


Nadine Chabert avait également parlé des difficultés qu'elle traversait dans son couple évoquant sa crainte d'annoncer sa volonté de divorcer à son mari. Un homme qu'elle dépeignait comme « manipulateur » et « menteur ». A tel point qu'il « lui faisait peur ». A l'une de ses collègues, elle avait même déclaré que « si un jour on ne la voyait pas arriver au travail », il fallait « qu'on s'inquiète car son mari pouvait être violent ». Le témoignage de Patricia Mejean, sa meilleure amie, a abondé dans ce sens. Cette dernière, très assurée face à la cour, a insisté : « Nadine n'a jamais fuit ses responsabilités. C'est la pire insulte qu'on puisse lui faire de dire qu'elle a pu partir sans Émilie. Pour moi Patrick a tué Nadine, je suis affirmative. Patrick perd tout, perd une image, on ne quitte pas M. Chabert ».


Incohérences
Dans le box, Patrick Chabert est d'abord resté impassible. Avant de se montrer nerveux une fois confronté à ses incohérences. Patrick Chabert a en effet livré un emploi du temps évolutif du jour de la disparition de Nadine. Il a affirmé avoir déposé sa femme à un rond point car elle partait à un stage à Paris. Il s'était ensuite rendu aux obsèques de sa grand-mère. Mais Nadine Chabert devait partir en stage le lendemain... Il assurait également n'avoir jamais été au courant de l'audience de non-conciliation.


Devant les enquêteurs, le quadragénaire avait livré trois versions différentes de sa soirée du 10 juin 2003. Il déclarait d'abord avoir dormi chez lui. Mais les policiers découvraient qu'il avait en fait passé la nuit dans un hôtel près de Toulon (Var). Interrogé sur cette contradiction, il disait avoir « oublié ». Ce soir-là, il avait réservé sa chambre à 23h01 mais n'y était parvenu que 02h42 plus tard. Un « trou » de deux heures qu'il n'a pas su expliquer.


A la barre, mercredi dernier, un enquêteur a raconté « en garde à vue nous l'avons senti désarçonné par rapport au temps intermédiaire. Il nous répondait "si vous le dites, c'est que c'est vrai". Il a eu un moment de faiblesse au cours duquel il a dit "je ne sais pas... Je vais prendre 30 ans" ». Selon le policier, il est, à ce moment-là, « sur le point de faire des aveux mais va se ressaisir après 1 à 2 minutes » et lance, « j'avais oublié mon ordinateur portable.» Or il avait expliqué avoir pris ses affaires dix minutes avant... .


Peu avant le délibéré, Patrick Chabert déclarait « j'ai ma tête sur l'échafaud mais je vais continuer à me battre car je n'ai pas tué mon épouse ».
http://www.francesoir.fr/faits-divers/patrick-chabert-condamne-20-ans-de-prison-pour-le-meurtre-de-sa-femme.28625

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