mardi 19 octobre 2010

Decazeville. Anthony est mort pour une « taffe » de joint

Le premier jour du procès de Benoît et Robert Gérard a apporté des éclairages mais pas toutes les réponses sur les circonstances de la mort d'Anthony Svec, le 3 mai 2008 à Figeac.


Le 3 mai 2008 à 3 heures du matin, Anthony Svec décédait d'une hémorragie interne, après avoir reçu un coup de couteau à la fête de Figeac. Hier, devant les Assises du Lot devant lesquelles il est jugé durant trois jours pour « coup mortel », Benoît Gérard, 22 ans, a exprimé ses regrets : « Je sais ce que j'ai commis. J'ai détruit une famille. Je ne l'ai pas voulu mais je l'ai fait. Il n'y avait pas de raison d'en arriver là. Je garderai ça dans ma tête toute ma vie. J'accepterai ma condamnation mais je veux m'expliquer. La prison m'a fait du bien, j'ai fait un travail sur moi-même. J'ai mis plus d'un an à prendre conscience que j'ai ôté une vie. Je ne consomme plus de cannabis et n'ai plus recours à la violence. J'ai subi des coups en prison et j'ai été incapable de répliquer ».


Hier, l'examen de personnalité de Benoît Gérard a monté une enfance et une adolescence marquées par l'absence de sa mère, soignée dans un établissement psychiatrique. Son père l'élève tant bien que mal, l'aime mais lui aussi est absent (lire encadré). Livré à lui-même, Benoît Gérard est en échec scolaire : « J'étais un enfant turbulent, je ne me plaisais pas à l'école ». Renvoyé de plusieurs établissements, consommateur de cannabis depuis 12 ans, occasionnellement, puis régulièrement dès 15-16 ans, Benoît Gérard ne trouvera son équilibre que dans un CAP peinture. Au CFA de Rodez comme auprès de son patron, il donne toute satisfaction. D'autant plus que sa vie sentimentale trouve un point d'ancrage. Mais son recours à la violence est latent et lui vaudra deux condamnations à trois mois de prison avec sursis pour violence avec armes (ainsi que 4 mois avec sursis pour recel d'objets volés).


Sur les faits, l'accusé explique être allé à la fête avec trois amis dont son meilleur ami Xavier, en emportant sa sacoche de chantier où il gardait son couteau à cran d'arrêt. Après un tour à la fête puis avoir mangé un sandwiche et bu des bières, le groupe s'arrêtait place Vival et l'un d'eux roulait un joint.


Geste de défense ou de vengeance ?
L'altercation se produisait quand Anthony Svec accompagné de Jonathan Bouteille, s'arrêtait et demandait à tirer « une taffe » sur le joint. Opposé à un refus, et alors que Jonathan voulait partir Anthony aurait alors fait tomber la casquette de Nicolas qui lui aurait porté un coup de tête ou de poing. Benoît et Anthony se seraient empoignés tandis que les trois amis de Benoît se battaient contre Jonathan. Après une accalmie, les belligérants se séparaient, mais Jonathan aurait porté un coup de poing à Xavier qui tombait inanimé. C'est en lui portant secours que Benoît aurait « senti la présence d'Anthony dans mon dos », aurait sorti le cran d'arrêt de la sacoche et se serait relevé en portant un coup de bas en haut. « Je ne savais pas où je l'avais touché. On est partis ».


Geste de défense instinctif ou bien vengeance et de colère après avoir vu son meilleur copain étendu inanimé ?


Le soir même, Benoît parle de la bagarre à son père. Ce n'est que le dimanche soir que Benoît apprend par son père le décès d'un jeune à Figeac.


Si la copine de Nicolas conseille au groupe de se rendre à la gendarmerie, celui-ci refuse. Benoît donne consigne de changer leurs physionomies : les cheveux sont rasés. Benoît ne s'enfuit pas : il continue de travailler, même si son comportement traduit l'anxiété (perte de poids, nervosité). Les vêtements sont brûlés et Robert Gérard fait disparaître l'arme du crime (qu'il dit avoir détruite à coups de masse). Benoît est arrêté 24 jours plus tard.


Hier, en dépit d'accents sincères dans ses propos formulés poliment et avec une bonne élocution, Benoît Gérard n'a toutefois pas apporté toutes les réponses attendues.


Pour le papa d'Anthony, l'accusé n'est pas sincère : « Son attitude est une posture : il ne nous a pas attendris ».


L'audition des témoins et experts se poursuit aujourd'hui.
http://www.ladepeche.fr/article/2010/10/19/930433-Decazeville-Anthony-est-mort-pour-une-taffe-de-joint.html

Aucun commentaire: