mercredi 20 octobre 2010

Figeac. L'hommage unanime à Anthony Svec

Le deuxième jour du procès de Benoît et Robert Gérard a été marqué par l'audition des témoins principaux et des experts. L'enquête de personnalité d'Anthony a mis en avant un hommage unanime à un «garçon modèle».


Hier, la deuxième journée du procès de Benoît et Robert Gérard, après le meurtre d'Anthony Svec, le 3 mai 2008 à Figeac a été consacré à l'audition des témoins principaux et des experts.


Très ému, Jonathan Bouteille, qui accompagnait Anthony le soir du drame, a parlé de son ami d'enfance : « Sa disparition fait mal. On faisait tout ensemble depuis toujours. On sortait, on faisait de la moto. Anthony était quelqu'un qui rendait toujours service. Il aimait faire des grillades en famille. Une famille très soudée. Il ne prenait pas de stupéfiants. Il aimait la fête mais ne cherchait jamais la bagarre. Ce soir-là, on avait bu quelques bières. On était gais, pas ivres. On était sorti en famille mais lui et moi avions pris nos duvets pour dormir dans la voiture pour ne pas conduire si on avait bu ».


Selon Jonathan, il n'y a pas eu d'accalmie dans la bagarre et affirme avoir donné le coup-de-poing à Xavier Delpech après qu'Anthony lui a dit qu'il avait mal et qu'il fallait partir.


L'audition des experts apportait un éclairage : Benoît Gérard a été identifié par son ADN retrouvé sur place et confronté au fichier national. Ainsi que par une enquête minutieuse des services de gendarmerie de Figeac et Toulouse, notamment via un travail fait sur les appels téléphoniques de l'accusé.


Anthony ne consommait ni stupéfiants ni médicaments
Le médecin légiste indiquait que le coup de couteau avait été porté de bas en haut et de la droite vers la gauche, lame en haut. La blessure est de 7,5 cm de long. Ce qui est compatible avec deux hypothèses : la lame serait presque entièrement entrée sur 7,5 cm ; ou bien de 4,5 cm avec force, ce qui aurait fait reculer la paroi thoracique.


L'hémorragie interne qui a provoqué le décès d'Anthony est due à la section la veine cave à son intersection avec l'oreillette du cœur.


Le toxicologue confirmait qu'Anthony Svec n'avait pas absorbé de médicament ni aucuns stupéfiants. Mais la présence d'éthanol dans son corps était compatible avec l'absorption d'alcool.


Le souvenir poignant d'Anthony
La fin de journée s'est révélée bouleversante avec l'audition de l'enquête de personnalité d'Anthony, à laquelle plus de 50 personnes ont répondu.


L'enquêtrice faisait état d'une enfance heureuse dans une famille très unie et soudée.


Ses professeurs d'école et de collège se souviennent d'un élève pas forcément avec de bonnes notes mais avec un comportement idéal « un garçon modèle comme il y en a rarement ». Généreux, ouvert mais réservé, d'invariable bonne humeur, très investi dans la vie sociale d'Aubin, Anthony avait passé un BEP puis un bac pro de chaudronnerie. Il travaillait depuis deux ans à la SNAM où une photo de lui trône dans son atelier. Selon un voisin « si toutes les familles étaient comme les Svec, il n'y aurait plus de tribunal ni de prison ».


L'enquêtrice soulignait le sentiment d'injustice et l'incompréhension de la mort d'Anthony qui a figé la vie de beaucoup, mais aussi l'absence de colère et de vengeance de toutes les personnes interrogées.


En pleurs, Benoît Gérard s'est adressé à la famille pour présenter ses excuses : « Je ne pourrais jamais payer ce que j'ai fait. Quelle que soit ma peine, elle ne sera jamais aussi dure que ce qu'ils peuvent vivre. Je comprends que l'on n'accepte pas mes excuses. J'ai commis un geste irréparable et je ne pourrai jamais le réparer. Je regrette du plus profond de mon cœur ».


Ce matin, la famille d'Anthony s'exprimera devant la cour, avant le réquisitoire et les plaidoiries. Verdict ce soir.




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Cahors. Des personnalités immatures
Les auditions des psychologues et psychiatre mettaient en lumière l'immaturité des accusés, tous deux en pleine possession de leurs moyens et accessibles à une sanction pénale.


Insécurité affective et immaturité psychique pour Benoît Gérard dont le recours à la violence n'est pas un mode de fonctionnement ordinaire, mais se révèle de manière pulsionnelle pour rejeter sa souffrance. « Ce n'est pas un psychopathe », précisait le psychiatre qui soulignait dans cette affaire le rôle du mélange alcool-cannabis, et l'effet de groupe.


Immaturité affective également pour Robert Gérard


Laurent De Caunes, avocat des parties civiles et l'avocat général éric Seguin ont mis en avant la capacité de Benoît Gérard à minimiser voire occulter des aspects de sa personnalité, en particulier son passé violent.


Alexandre Martin, avocat de Benoît Gérard, a systématiquement relevé par ses questions les aspects positifs des expertises, notamment la prise de conscience de son client du geste qu'il a commis et qu'il a reconnu, son évolution en prison (il a passé un diplôme, a toujours travaillé et a un comportement irréprochable) et la sincérité de son attitude devant les experts.


Ilham Soummer, avocate de Robert Gérard a trouvé satisfaction dans la réponse du psychologue ayant examiné son client : ce dernier « était dans l'incapacité psychologique de conseiller à son fils Benoît de se rendre car cela aurait mis en lumière son échec de père et l'aurait mis au même niveau que ses propres parents qui l'ont abandonné enfant ».


« Je ne veux pas que l'on mette en avant mon enfance malheureuse pour expliquer que j'ai mis une famille dans le malheur », a commenté Benoît Gérard.


Pour sa part, Robert Gérard a partiellement contesté les conclusions du psychologue qui avait souligné son manque de coopération et sa douleur égocentrique.


http://www.ladepeche.fr/article/2010/10/20/931467-Figeac-L-hommage-unanime-a-Anthony-Svec.html

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