jeudi 21 octobre 2010

Dix ans pour le meurtrier d’Anthony

La cour d’assises du Lot a rendu hier soir son verdict au terme de trois jours de procès et d’une dernière audience dominée par l’émotion et le repentir de Benoît Gérard et de son père


L’absence d’Anthony s’est installée dans ce procès qui ne pouvait se conclure sans lui accorder un indispensable hommage. Celui-ci devait mettre en lumière, au travers d’une enquête ordonnée par la justice, combien la jeune victime était appréciée de tout son entourage, parents, amis, voisins à Aubin, qui ont spontanément et unanimement loué sa générosité, sa gentillesse, sa discrétion, mettant en avant des qualités de cœur et d’amitié, sa volonté de mener une vie simple, l’attention permanente qu’il savait porter aux autres.
Anthony était un type bien, il avait des projets désormais
brisés. Comme peuvent l’être ses parents dont la douleur s’est manifestée hier matin à la barre par la voix de sa mère Agnès, impressionnante de courage, et de sa sœur aînée Caroline, brisée par l’émotion. « Il y a 30 mois que je compte les jours, comme s’il allait revenir..., murmure Mme Svec. La vie est le bien le plus précieux que l’on puisse avoir, personne n’a le droit de l’enlever ».


Une formule qui lance la plaidoirie de Me Laurent de Caunes, du barreau de Toulouse, avocat des parties civiles qui, à son tour, relèvera « l’inconcevable mort de celui que tout le monde aimait », une vie altruiste qu’il met en parallèle avec la vie de violence et d’égoïsme de l’accusé.


En douceur et en nuances, l’avocat traduira ces destins qui se croisent, démontera point par point la ligne de défense de Benoît Gérard, enfoncé dans sa victimisation, sa « culpabilité égocentrique », cette « immaturité si bien organisée pour dissimuler son acte », et ce couteau brandi comme un symbole de sa puissance dont il se servira « pour porter un coup agressif et certainement pas instinctif ».


Chacun est d’accord pour ne pas retenir l’intention homicide, à commencer par l’avocat général Eric Seguin, qui bâtit pourtant son réquisitoire en s’appuyant sur une forte conviction : l’acte a été délibéré. Et de détailler la prédisposition à la violence de Benoît Gérard, assortie d’addictions coupables, d’un manque de volonté... « Il a fait aujourd’hui une partie du chemin, mais il reste encore beaucoup à faire », lance-t-il en réclamant douze ans de réclusion. Contre son père Robert, prévenu de « destruction de preuves », deux ans avec sursis.


L’avocate de Robert Gérard, Me Ilham Soummer du barreau de Cahors, va alors s’attacher à raconter cet homme en souffrance depuis sa propre enfance, surprotecteur avec son fils pour lequel il se voulait être un père modèle. Et demande aux jurés leur clémence.


De la mesure dans le prononcé de la peine, Me Alexandre Martin, du barreau de Toulouse, en demandera à son tour aux jurés et à la cour pour Benoît Gérard. Une plaidoirie qui n’éludera rien des aspects négatifs de la personnalité de l’accusé, mais qui relèvera tour à tour l’isolement et la solitude d’un adolescent qui a grandi seul, sans repères structurants, et dont la fragilité a pu aussi s’exprimer par la violence. « Oui, il avait un couteau, oui il s’en est délibérément servi, non il n’a pas voulu de telles conséquences. Ni fou, ni monstre, il est comme tout le monde avec ses difficultés », martèle Me Martin. L’acte « meurtrier » (il n’est pas accusé de meurtre mais de « coups mortels ») est le fruit d’un « contexte de panique ». « Ni lâche, ni calculateur, il a pris conscience de son acte », plaide-t-il devant les jurés leur demandant de lui laisser une chance pour son avenir.


Cette dernière journée, dominée par l’évocation d’Anthony, aura été celle de l’émotion et du pardon réitéré, à chaque instant par l’accusé, visiblement très affecté, et son père, tout aussi défait. Au terme du délibéré qui aura duré plus de trois heures, le Villefranchois Benoît Gérard a été reconnu coupable de coups mortels sans intention de donner la mort et se voit condamné à dix ans de réclusion criminelle. Son père, Robert, a été condamné à deux ans de prison avec sursis.


La famille Svec n’a pu masquer sa colère et sa déception à l’énoncé du verdict.


http://www.midilibre.com/articles/2010/10/20/A-LA-UNE-Dix-ans-de-reclusion-pour-le-meurtrier-d-Anthony-1426562.php5

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