mardi 12 octobre 2010

Marmande. OGM au banc des accusés

Le procès des 87 faucheurs volontaires poursuivis pour avoir détruit 9 ha de maïs OGM en Lot-et-Garonne en 2006, s'est ouvert hier à Marmande.


« OGM, non, non et non ! » Des banderoles, des sifflets, des slogans, ils étaient près de 200 hier matin, réunis devant l'entrée du palais de Justice de Marmande pour soutenir les 87 faucheurs volontaires appelés à comparaître pour la destruction de 9 ha de maïs OGM appartenant à Claude Ménara, le 2 septembre 2006 à Grézet-Cavagnan (Lot-et-Garonne). Encadrés par un dispositif de gendarmerie aussi impressionnant qu'inutile, anti et pro OGM ont mis plus d'une heure à prendre place dans la petite salle de correctionnelle pas vraiment habituée à des procès de cette ampleur. Faute de place, le public sera même réduit à la portion congrue : 6 places assises et une vingtaine debout, contre le mur de la salle.


La journée d'hier a été scandée par le défilé à la barre de chacun des prévenus présents, venus dire les raisons qui les ont poussés, en ce jour de septembre 2006 à venir faucher la parcelle de maïs transgénique. Une procession lente, qui aura tordu le cou à une image d'Épinal : pour post-baba cool qu'elle soit, l'assemblée des faucheurs volontaires a surtout fait la démonstration de sa diversité. De Marcq-en-Baroeul à la Bretagne, en passant par le Loiret, Grenoble, Lyon, Dijon, et bien évidemment le sud-ouest, les 87 faucheurs prévenus de « destruction de biens » viennent de partout. Apiculteurs, agriculteurs bio, mais aussi étudiant en master de Sciences politiques, retraités, archéologue, élus, de 23 à 82 ans, c'est toute une sociologie de la lutte anti-OGM qui est présente à Marmande.


La présidente du tribunal, Aurore Blum, aura beau, à maintes reprises tenter de ramener tout son petit monde dans le strict cadre de l'infraction retenue (destruction du bien d'autrui), le débat, évidemment, à souvent glisser vers des considérations plus politiques. Mais de marchandisation en brevetage du vivant les faucheurs ont aussi exposé leur tiraillement moral, comme Michel, 80 ans : « Acculé à choisir entre deux violences, désobéir à la loi ou celle de rester bras croisés, j'ai choisi de désobéir et de faucher. »


Car si ce sont bien les faucheurs qui sont à la barre, ce sont au final les OGM et avec eux les firmes semencières comme Monsanto, qui se retrouvent sur le banc des accusés. Aujourd'hui, scientifiques et experts sont attendus pour éclairer le tribunal.
http://www.ladepeche.fr/article/2010/10/12/925678-Marmande-OGM-au-banc-des-accuses.html

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