samedi 6 novembre 2010

Hormone de croissance: après le débat scientifique, la parole aux familles

PARIS — Au procès en appel de l'hormone de croissance, le défilé à la barre des familles de victimes a succédé à la ronde des experts, dans un climat plus serein qu'en première instance, mais avec toujours autant d'incertitudes sur les responsabilités des prévenus.


Sur les bancs des parties civiles, une trentaine de familles ont suivi chaque audience depuis un mois, un sac de voyage souvent à portée de main, car elles vont et viennent chaque semaine des quatre coins de France pour assister au procès.


Ces parents, frères, soeurs d'une des 120 jeunes victimes décédées de la maladie de Creutzfeldt-Jacob (MCJ) après un traitement à l'hormone de croissance dans les années 1980, ont écouté en silence, depuis le 4 octobre, une trentaine de témoins, experts --dont trois prix Nobel de médecine-- livrer leurs analyses du drame.


Depuis mercredi et pour quatre jours, la parole leur est donnée. Lors du procès en première instance, qui avait duré quatre mois en 2008, un mois entier avait été consacré au récit de ces vies ravagées par la maladie.


Mais un certain nombre de parties civiles ont choisi de ne pas venir raviver leurs blessures à la barre de la cour d'appel.


Devant le tribunal correctionnel, les familles avaient "mis leur coeur" dans ces témoignages qui avaient donné le sentiment d'une éruption de douleurs après 16 années d'instruction labyrinthique. Elles en avaient aussi retiré "un sentiment de frustration", a confié Jean-Bernard Mathieu, président d'une association de victimes.


Tous les prévenus ont été relaxés à l'issue du premier jugement. Deux sont décédés depuis le procès. Seuls une pédiatre à la retraite et un ancien responsable d'un laboratoire de l'Institut Pasteur sont rejugés en appel.


La justice leur reproche une série de négligences dans leurs missions respectives: la collecte d'hypophyses dans les morgues des hôpitaux de la région parisienne pour Elisabeth Mugnier, 61 ans; l'extraction et la purification de l'hormone de croissance à partir de ces glandes crâniennes, s'agissant du biochimiste Fernand Dray, 88 ans.


Alors que les débats entrent dans leur ultime phase, ces deux scientifiques ont réaffirmé cette semaine leur certitude d'être innocents.


Le médecin chargé de la collecte "n'avait aucun pouvoir décisionnel" et "aucune rôle hiérarchique d'aucune sorte" le chargeant de contrôler la qualité des hypophyses prélevées, a de nouveau tenté de convaincre Mme Mugnier.


Fernand Dray continue d'estimer "qu'aucun élément ne permettait d'être inquiet" d'un risque de transmission de la MCJ par hormone de croissance avant la révélation des premiers cas de contamination.


La dernière confrontation d'experts devant la cour, mardi, a résumé la difficulté d'établir la réalité des connaissances scientifiques de l'époque sur les dangers de contamination. C'est sur ce doute qu'avait déjà buté l'analyse du tribunal correctionnel.


Pour Joëlle Chabry, chercheuse de l'Inserm, la notoriété de la MCJ aujourd'hui, "une maladie dont tout le monde a entendu parler", n'a rien à voir avec le mystère qui, dans les années 1980, entourait cette pathologie "très mal reconnue, mal détectée et qui n'intéressait personne".


A ses côtés, un virologue de l'Inra, Human Rezaie, a semblé plus circonspect, mettant en évidence des précautions "connues depuis belle lurette" par les scientifiques souhaitant garantir l'innocuité de leurs procédés d'extraction et purification.


Une thèse qui devrait avoir les faveurs de l'avocat général Bruno Sturlese, dont les réquisitions sont attendues le 22 novembre pour une fin de procès prévue le 24.


http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5g0qUoOtZwWa9tBTSzVvFpntS9Rpg?docId=CNG.52e45bd145d6464c47fc51252f20693a.611

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