samedi 13 novembre 2010

Le procès Fofana : Des avocats injuriés

Le président de la cour d'assises de Créteil, Olivier Leurent, l'a appris aujourd'hui : deux avocats de la défense ont trouvé la porte de leurs cabinets respectifs taguée de la même injure, le jeudi 11 novembre. Des étoiles juives dessinées à la bombe, et ce mot : « Kapo ». Ils ont déposé une plainte. C'est la brigade criminelle qui est en charge de l'enquête. Le jour de l'ouverture de ce procès en appel, le 25 octobre, une autre avocate avait reçu un premier mail, puis un autre le 4 novembre : « Ca n'était pas aussi agressif, c'était juste des propos délirants... En gros, je devrais me débrouiller pour faire condamner ma cliente ». D'autres avocats dénoncent dans ces récentes attaques, « la responsabilité de ceux martèlent que le crime d'Ilan Halimi était antisémite, alors qu'il était purement crapuleux », ceux qui ainsi « attisent les haines ».


Lors du procès de première instance déjà, les avocats Dominique Attias et Didier Seban avaient reçu des courriers menaçants. C'était au début du mois de mai 2009, une certaine « Organisation juive » leur avait envoyé des « avertissements ». A Didier Seban, elle écrivait : « Monsieur le traitre, nous vous demandons immédiatement de vous dessaisir du dossier de l'affaire Fofana, sinon vous en subirez les conséquences. Des juifs qui défendent ce dossier, c'est une honte. Vous auriez dû défendre Barbie ».


Ce vendredi 12 novembre, la cour a examiné les circonstances dans lesquels le jeune Ilan Halimi a été enlevé.


Le mardi 17 janvier 2006, Youssouf Fofana s'en va trouver Tifenn G. Il veut qu'elle lui ramène sa copine Nour (1) à nouveau, parce que c'est « une bête de meuf », aucun garçon ne lui résisterait en la voyant. Elle est belle, elle sort à peine d'une tentative de suicide, la deuxième en huit mois, le profil parfait pour Fofana. Le jour même, il la retrouve dans Paris. La conduit Boulevard Voltaire, où il lui montre quelques magasins, il veut qu'elle récupère quelques numéros de téléphone de gars qui travaillent dans la téléphonie, et dont Fofana considère qu'ils sont tous juifs, qu'ils ont de l'argent, qu'ils sont solidaires entre eux. Il lui demande d'éviter les jeunes hommes de corpulence trop imposante, la victime doit pouvoir être portée. Ilan Halimi effectue un remplacement au « Voltaire Phone », sis au 246 boulevard Voltaire. Il est seul, Nour entre. Elle fait mine de s'intéresser à un appareil. Hésite. Ilan Halimi lui note son numéro de téléphone sur un morceau de papier qu'il lui tend quand elle repart. Dans la boutique d'en face, Nour n'entreprend rien, les vendeurs sont deux, trop massifs. Elle rejoint Fofana, qui est satisfait. Il veut que Nour obtienne vite un rendez-vous avec le jeune homme. Elle l'appelle, ils se retrouveront le vendredi vers la Porte d'Orléans.


Et le 20 janvier 2006, Youssouf Fofana emprunte le véhicule de Jérémy P. Il va chercher Nour chez elle. La jeune femme aurait voulu renoncer au « plan »à ce moment là, mais Fofana lui répond que c'est trop tard, il y a même des « gens du 93 » qui attendent après eux maintenant. Des gros bras, les ravisseurs. Jean-Christophe S. alias « Craps », 1,86 mètre, 106 kilos, est l'un des trois. Les deux autres n'ont jamais été identifiés. Et « Craps » l'a répété ce vendredi 12 novembre 2010 à l'audience : il les connait, mais il ne donnera pas leurs noms. Il choisit de se taire par crainte des représailles, sur lui qui est en prison, sur sa famille qui est dehors. En première instance aussi, Jean-Christophe S. avait choisi le silence.


Youssouf Fofana conduit la jeune femme jusqu'à Sceaux, sur le parking de la Coulée verte. C'est là qu'elle devra attirer la victime. Fofana a tout prévu : des gars seront cachés dans les bosquets, et quand Nour dira qu'elle cherche ses « clefs », ils sauteront sur la victime. Christophe M., alias « Moko », accompagne Nour au rendez-vous à la porte d'Orléans. Elle boit un verre avec Ilan Halimi qui propose de la raccompagner. Il se gare sur le parking à Sceaux, sort de la voiture. Des buissons, ses ravisseurs surgissent, le plaque au sol, le frappe. Ilan Halimi crie. Fofana lui met un tissu imbibé d'éther sur la bouche et le nez, puis du scotch sur les yeux, lui menottent les mains, et le charge avec ses complices dans le coffre sans plage arrière d'une audi grise break. Nour est récupérée par « Moko », quand Fofana file avec les autres. Direction, la rue Serge Prokofiev, à Bagneux.


PS : Ce procès se tient à huis-clos. Aussi ce blog est-il écrit à partir d'informations recueillies, entre autres sources, auprès de personnes qui assistent à l'audience, et dont, bien entendu nous taisons les noms.


1- Son prénom a été modifié compte tenu de sa minorité à l'époque des faits


http://elsa-vigoureux.blogs.nouvelobs.com/

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